Origine et histoire des remparts
Après la sécession du comté de Nice en 1388 et la mise sous tutelle savoyarde, Saint-Paul, proche de la frontière, prend une importance stratégique renforcée et s’appuie sur une enceinte urbaine déjà édifiée depuis 1363 ou 1367. La réunion du comté de Provence à la couronne de France confirme ensuite le statut de ville royale et motive des travaux de réfection de l’enceinte médiévale en 1537. En 1543 la ville est officiellement élevée au rang de place forte royale et la construction d’une enceinte bastionnée est probablement engagée à cette époque ; Jean de Saint-Rémy est ensuite chargé, en 1546, de diriger ces travaux pour le roi. Les opérations exigent la démolition de nombreuses maisons et l’apport de pierres depuis la carrière de La Sine ; l’enceinte restera toutefois inachevée, sans cordon ni parapets. À la fin du XVIe siècle, lors des troubles de la Ligue, les troupes du duc de Savoie occupent Saint‑Paul : l’ingénieur Ascanio Vitozzi dresse un projet de petite citadelle intérieure qui ne sera pas réalisé, mais certains aménagements, notamment des parapets, semblent avoir été construits par les occupants. Au début du XVIIe siècle la construction des fortifications d’Antibes fait perdre à Saint‑Paul une part de son intérêt militaire. Vauban présente au début du XVIIIe siècle des projets d’amélioration non exécutés ; Antoine Niquet reprend et adapte ces propositions en 1705, et des travaux partiels sont menés à partir de 1706, comme le comblement de casemates, le rehaussement et la consolidation de certains tronçons de courtine et la transformation d’embrasures en créneaux. Les rapports successifs du directeur des fortifications dans les années 1717 et 1724 signalent un mauvais état général et proposent, sans suite, des reconstructions partielles ; un nouvel avis de réparation est dressé en 1746 par l’ingénieur Légier du Plan. Après cette période, le Génie cesse d’entretenir la place qui entre dans la catégorie des places « abandonnées » et finit par être déclassée sous l’Empire. En 1805 une portion menaçante de la courtine occidentale s’effondre sur trente mètres ; la réhabilitation est ensuite prescrite en 1832, mais seuls les travaux jugés indispensables sont réalisés en 1837, avec le remontage de la brèche de la courtine ouest et la remise en état de la courtine est. Des aménagements militaires et urbains se succèdent au XIXe et au XXe siècle : fermeture des portes de ville et réglage des parapets par le génie en 1840, puis, au début du XXe siècle, l’ouverture d’un accès en rampe dans le bastion nord‑est occasionne une percée dans son flanc ; une nouvelle percée pour la circulation automobile est percée dans le bastion sud‑ouest en 1985, accompagnée d’une ouverture dans le saillant du grand front est et de la création d’une aire de stationnement en terrasse. L’enceinte traduit en France l’un des rares exemples presque intacts des premières villes bastionnées, œuvre de Jean de Renaud dit Saint‑Rémy, ingénieur du roi, et conserve encore la lecture des bastions et des fronts qui structurent sa silhouette. Le bastion dit du Roi conserve une tour médiévale et une rampe d’accès, le bastion du Dauphin dessert la porte nord, le bastion de Grignan occupe le flanc sud‑ouest et le bastion d’Annebault commande l’accès à la porte sud ; les fronts est et ouest restent nettement lisibles dans le paysage urbain. L’ensemble des remparts a été protégé au titre des monuments historiques le 20 février 1945.