Origine et histoire des remparts
L'enceinte du Quesnoy est un ancien ensemble de fortifications qui a protégé la ville du Moyen Âge au XXe siècle. Sa modernisation s'inscrit aux XVe et XVIe siècles dans le contexte des affrontements entre le royaume de France et les puissances bourguignonnes puis habsbourgeoises, et dans la diffusion de l'artillerie qui rendait obsolètes les remparts médiévaux. À partir de 1527, des travaux de modernisation sont entrepris : trois bastions sont alors créés, le bastion de Croÿ (n°6), plus modeste, et deux bastions plus importants, le bastion de la Reine (n°4, plus tard appelé Soyez) et le bastion Impérial (n°1), de conception proche des modèles employés dans les Pays-Bas au XVIe siècle. Ces premiers ouvrages, à flancs brisés ou casematés, visent surtout à renforcer des points faibles de l'enceinte plutôt qu'à se flanquer mutuellement. Entre 1538 et 1553, trois autres éléments sont ajoutés : le bastion Vert (n°8) au sud‑ouest, le bastion César (n°3) à l'est et la future demi-lune des Suisses (n°15), laquelle reprend et intègre une tour médiévale parfois appelée tour de Baudouin. Diverses demi-lunes sont également placées devant les portes de la ville, notamment celles de Valenciennes, de Flamengrie (ou Impérial), de Faurœulx et de Saint‑Martin, et une autre positionnée pour protéger le moulin du Gard ; la porte de Flamengrie est murée sur ordre de l’empereur et plusieurs portes et tours médiévales sont conservées, tandis que des aménagements permettent des inondations défensives.
Après le siège de 1654, Le Quesnoy est occupée par les Français et, devenue ville française par le traité des Pyrénées, voit son enceinte réparée, la porte Saint‑Martin murée et un projet de modernisation proposé sans suite notable hormis l’ajout ultérieur du bastion Royal. En 1676, Vauban est chargé de moderniser la place et confie l’exécution à Armand François : il régularise les tracés des courtines et du chemin couvert, ajoute de nouveaux ouvrages et remanie les anciens. Un bastion Royal (n°2) est alors implanté entre les bastions Impérial et César, légèrement en avant, avec cavalier et abris, et, parce qu’il obstrue l’écoulement d’eau, il reçoit un aqueduc ; les demi-lunes proches sont maintenues avec des aménagements et une contre-garde est ajoutée devant le bastion César. Trois bastions sont agrandis selon le premier système de Vauban en transformant certains flancs en flancs à orillon et en dotant au moins un bastion d’une poudrière, tandis que d’autres flancs et poternes sont conservés.
Le front nord‑ouest voit l’intégration d’un étang dans la ligne de défense et la transformation de l’ancien glacis en demi-contre-garde, précédée d’une lunette devant une demi-lune. Le front sud‑ouest est profondément remanié : la courtine est reculée, le demi-bastion des Suisses détaché et transformé, le bastion de Croÿ supprimé et remplacé par deux nouveaux bastions à flancs droits (Saint‑Martin et du Gard) protégés par une tenaille ; le moulin du Gard est déplacé, deux poternes sont percées et le bastion du Gard reçoit une poudrière. Sur le front sud, Vauban construit un demi-bastion autour du château et maintient certaines demi-lunes, tandis que le bastion Vert conserve ses caractéristiques antérieures. Sur le front sud‑est, les modifications sont plus modestes : la porte Faurœulx est conservée, le tracé de la courtine régularisé et la demi-lune de Forest revêtue.
Les projets ultérieurs de Vauban à la fin du XVIIe siècle, qui proposaient notamment l’adjonction d’ouvrages à cornes et de tenailles pour englober des faubourgs ou renforcer des bastions, ne sont pas réalisés. Aux XVIIIe et XIXe siècles, de nombreuses adaptations et constructions secondaires modifient ponctuellement la place sans en changer profondément la physionomie : construction et suppression de lunettes et demi-lunes, édification et revêtement de contre‑gardes, aménagements de réduits et contremines, modification ou suppression de tours, ajout de traverses, caponnières et casemates, et transformation d’anciennes portes pour d’autres usages. Le bastion Vert perd ses orillons et reçoit une casemate, la demi-lune du Gard est complétée par un réduit, et des ouvrages de protection du faubourg de Faurœulx sont successivement reconstruits ou renforcés.
Au XIXe siècle, peu de changements majeurs sont opérés ; on relie certaines demi-lunes et contre‑gardes par des ouvrages casematés et l’on effectue des réparations et adaptations de structures existantes, la plupart des aménagements souterrains ou de poternes datant de cette époque ou de la fin du siècle. La place est déclassée en 1867 mais reclassée en 1878 pour servir de fort d'arrêt dans le cadre des travaux du système Séré de Rivières : les fortifications sont alors réparées et complétées par des casernements, traverses‑abris, plates‑formes de tir et poudrières casematées, et plusieurs portes et tours sont modifiées ou percées. En raison de l’évolution de l’artillerie, la place est finalement déclassée en 1901 ; malgré ce second déclassement, l’intégralité de l’enceinte est préservée. Au XXe siècle, le rempart est percé dans les années 1930 pour dégager la tour médiévale de l’ancienne porte Saint‑Martin et, par arrêté du 14 mars 1944, les remparts sont classés au titre des monuments historiques.