Origine et histoire
Les restes de l'enceinte de la ville sont associés à la forteresse médiévale dite Château‑Dauphin, située à Pontgibaud, rue du Frère Genestier, sur le rebord occidental de la cheire de Pontgibaud, l'une des coulées de lave issues du puy de Côme, dans le Puy‑de‑Dôme en région Auvergne‑Rhône‑Alpes. L'entrée du domaine fait face à une porte de ville de l'enceinte datée du XVe siècle, classée au titre des monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886. Le domaine comprend un parc boisé d'environ 45 hectares, quelques hectares de terres cultivées et de prairies ; sa superficie au XVIIIe siècle était de 3 000 hectares. Le bâtiment principal, posé directement sur la roche, forme un rectangle de 22 par 25 mètres et se compose d'un double donjon : un donjon rond formant l'un des angles d'un donjon carré puissant, les deux parties étant indépendantes. Le donjon carré comprend deux corps d'habitation sur trois étages, organisés autour d'une cour intérieure à l'origine ouverte et couverte au XIXe siècle par une verrière ; la porte d'entrée s'ouvre sur cette cour et était à l'origine équipée d'un assommoir. Le « cul de basse‑fosse » du donjon rond est la pièce la plus profonde, domine le donjon carré et présente des murs d'une épaisseur de 3,95 mètres ; elle a pu servir de prison et les étages bas furent employés au stockage de munitions et de vivres. L'accès aux étages supérieurs se faisait depuis la cour par deux escaliers à vis, dont l'un porte les armes des La Fayette ; des chambres occupaient les étages et la guette était accessible par un escalier aménagé dans l'épaisseur du mur. L'enceinte comportait sept tours dont six subsistent encore — la tour du Chevalier, la tour de Garde, la tour de la Cloche, la tour Sérapphique, la tour de la Ferme et la tour de la Poterne — reliées par un rempart qui fermait entièrement la basse‑cour. La septième, la tour des Clapiers, est en cours de restauration en raison de fissures et d'ouvertures liées à des infiltrations au niveau de sa toiture. Le rempart du XVe siècle menace de s'effondrer, risque qui entraînerait la chute de la bergerie et de la grange du XIXe siècle ; s'y ajoutent un éboulement du parement du donjon rond du XIIe siècle et des problèmes d'étanchéité du chemin de ronde et de la partie sommitale en plomb. Le château abrite le musée des mines d'argent du canton de Pontgibaud, installé dans ses communs par l'association La route des mines Dômes et Combrailles. Le site a connu plusieurs classements et inscriptions : classé sur liste de 1889, déclassé le 13 août 1889, inscrit le 19 janvier 1926 puis les 12 février 1987 et 7 février 1994, ces arrêtés ayant été annulés avant un reclassement le 20 octobre 1995 ; la protection couvre le château, six tours d'enceinte, les communs, le sol, le puits, la fontaine et le jardin potager. Les intérieurs présentent une grande salle transformée en salon dont les peintures ont été refaites au XIXe siècle par le peintre italien Maioli et un artiste local, avec boiseries en chêne réalisées par le menuisier Martin et ferronneries de Larchevêque ; la salle à manger est ornée de boiseries en chêne et la bibliothèque conserve ses voûtes tandis que son plafond a été repeint à l'identique du salon. La chambre d'honneur, attribuée à César III de Pontgibaud et son épouse, comporte boiseries et tissus muraux venus de Riom, et la chapelle a été décorée par Maioli. Au cours des travaux du XIXe siècle, une turbine hydraulique installée sur la Sioule a permis d'éclairer le château et la commune, puis la distribution d'eau courante et d'eau chaude a été mise en place. Le jardin potager, daté du XVIe siècle et classé au titre des monuments historiques, a été réaménagé au XVIIIe siècle selon certaines sources et est mentionné par Michel de Montaigne lors d'une visite en 1581 ; il couvre 96 ares et comporte, en haut du terrain, un jardin d'agrément en belvédère au‑dessus du potager, en pente douce vers la vallée de la Sioule. Les jets d'eau datent du XVIIIe siècle et sont alimentés par une source située à Chaucelles ; leur trop‑plein est déversé dans de petits bacs de pierre disposés dans les carrés en creux pour fournir de l'eau à température ambiante pour l'arrosage. Le potager est organisé en carreaux et terrasses sur trois niveaux, séparés par des allées orthogonales et soutenus par des murs de lave (trachyandésite) couronnés de dalles ; ces murs, par leur teinte sombre, jouent également un rôle d'accumulateur thermique et le dessin en perspective a été étudié pour être vu depuis le château, qui n'est pas aligné sur l'axe du jardin. Le jardin est inscrit à l'Inventaire général du patrimoine culturel, labellisé « Jardin remarquable » et fait l'objet d'une restauration avec le concours de l'État, du conseil régional d'Auvergne, du conseil général du Puy‑de‑Dôme et des propriétaires et jardiniers. Le musée présente l'histoire des mineurs‑paysans qui exploitaient la galène le long de la vallée de la Sioule et propose une initiation aux techniques d'exploitation et de fonte du lingot d'argent, en particulier au XIXe siècle. Entre 1853 et 1897, 68 kilomètres de galeries et 2 900 mètres de puits furent creusés et les fonderies produisirent 50 000 tonnes de plomb et 100 tonnes d'argent. La zone minière s'étend sur environ 10 km nord‑sud le long de la Sioule ; les veines de galène d'argent sont enchâssées dans des roches gneissiques et enfermées dans des migmatites à la base des Combrailles. Des documents dès le VIIIe siècle attestent de l'exploitation des mines et leur utilisation remonterait éventuellement à l'époque romaine, le plomb extrait ayant pu servir, selon les sources, à recouvrir le toit du temple de Mercure au puy de Dôme. La construction initiale du donjon et de son enceinte est attribuée à Robert Ier, comte d'Auvergne, à la fin du XIIe siècle, d'où le nom Château‑Dauphin ; le site connut ensuite plusieurs événements : prise par Archambaud de Bourbon en 1213, restitution en 1229, renforcement et agrandissement par Gilbert III Motier de La Fayette au XVe siècle, prise par Matthieu Merle en 1566, abandon au XVIIe siècle, confiscation et vente comme bien national pendant la Révolution, puis retour dans la famille Moré entre 1886 et 1891 et restauration à la fin du XIXe siècle par l'architecte Jean‑Bélisaire Moreau pour César de Moré. Le domaine appartient à la même famille depuis 1756, descendants d'un mousquetaire du Roi nommé César Ier de Moré, et les actuels propriétaires sont les descendants du comte et de la comtesse Gabriel de Germiny. Parmi les communs figurent le bâtiment abritant le musée, la remise à voitures, la ferme et un pigeonnier en pierre de lave du XIXe siècle, situé près de la tour de la ferme et classé. Le château, le jardin et le musée sont ouverts aux visites guidées et accueillent régulièrement des animations telles que marchés artisanaux, Journée du livre, spectacles son et lumière, expositions d'artistes locaux et les Estivales des Volcans.