Origine et histoire du Château de la Dobiais
La Dobiais, située au sud du bourg de Saint-Jean-sur-Couesnon, a appartenu successivement aux d'Iffer, puis aux Gédouin (de 1370 à 1672), aux Bonnier de la Coquerie, aux de Larlan par alliance en 1699, aux Hay des Nétumières, puis, en 1765, à Charles‑René de la Bélinaye qui l'acheta pour 134 000 livres ; pendant la Révolution, elle fut la propriété d'Armand de la Bélinaye puis vendue comme bien national aux hospices de Fougères le 11 thermidor an IV. En 1546, François Gédouin et son épouse Marie Baud rendaient aveu pour plusieurs fiefs ; en 1682 l'ensemble comprenait le manoir, l'ancien manoir du Grand Montfourcher, plusieurs métairies et des moulins, et en 1794 d'autres métairies et closeries dépendaient encore de la Dobiaye. Au XVe siècle, le manoir relevait de la châtellenie de Saint‑Jean, démembrement de la baronnie de Vitré, et exerçait un droit de haute justice ; l'auditoire et la prison se trouvaient au bourg. La seigneurie fut érigée en marquisat en 1645 pour René Gédouin ; les armoiries des Gédouin (d'argent au corbeau de sable) ornaient l'intérieur et l'extérieur de l'église de Saint‑Jean et la famille disposait d'un banc et d'un tombeau en marbre. Inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 15 décembre 1926, les vestiges conservent des éléments défensifs remarquables : cour close entourée de douves, meurtrières dans le bâtiment sud‑ouest, et un portail à doubles portes — cochère et piétonne — équipé de feuillures attestant l'existence de deux ponts‑levis. Le logis se situe au fond de la cour, formée par les différents bâtiments ; la chapelle occupe l'angle sud‑est et des dépendances s'établissaient au sud‑ouest ; le cadastre de 1833 montre les douves formant un vivier au nord et un pont‑levis au sud. La porte cochère du portail porte les armes des Gédouin encadrées de deux lions ; le haut du portail a été abîmé par une tempête en 1957. La partie est du logis et le portail remontent vraisemblablement à la charnière des XVe et XVIe siècles, tandis que la partie ouest du logis, le bâtiment sud‑ouest et la chapelle relèvent d'une campagne de construction du début du XVIIe siècle. La partie est conserve des éléments décoratifs caractéristiques de la fin du XVe‑début du XVIe siècle : lucarne ornée de choux frisés, porte en arc en anse de panier avec accolade décorée, et fenêtres aux moulures formant des baguettes croisées, vestiges d'ouvertures à meneaux et croisillons. La partie ouest, en pavillon, et le décor des baies de la façade sud, ainsi que un oculus, témoignent de l'influence du XVIIe siècle ; des boiseries ornées de la couronne de marquis indiquent un décor postérieur à l'érection en marquisat. La partie nord a été remaniée et pouvait originellement former une élévation plus importante, peut‑être une tour. La distribution ancienne du logis associait, au rez‑de‑chaussée, une salle à l'est et une cuisine à l'ouest, avec l'escalier et un cellier au nord‑ouest ; l'escalier en granite, à rampe sur rampe, possède un palier au premier étage et desservait deux chambres, indice d'un réaménagement à l'époque de la construction du pavillon ouest. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, des témoignages signalent la présence de boiseries et d'un décor sculpté de cheminée, qui avaient toutefois été déplacés au château de Montaubert ; ces boiseries furent vendues en 1885, certaines acquises par M. Pelée de Saint‑Maurice pour Montaubert, d'autres par des propriétaires de la Villegontier. Les propriétaires en 1885, M. et Mme Meaulle, avaient demandé la démolition partielle d'un bâtiment en mauvais état, démolition qui ne fut heureusement pas menée à son terme ; le logis actuel ne correspond donc qu'à une partie de l'édifice d'origine. Un document de 1794 décrit le logis comme un « vieux château » avec un grand frontispice en pavillon, deux ailes de plus basse élévation, six appartements de plain‑pied, un grand escalier en pierres desservant des chambres aux étages, un corps de bâtiments occidentaux servant d'écurie et de fannerie, et une chapelle à l'angle oriental de la cour. Un dessin du milieu du XIXe siècle montre une partie ouest plus développée, disparue au cours de la seconde moitié du XIXe siècle ; au début du XXe siècle, cet emplacement n'offrait plus qu'un appentis. Le bâtiment sud‑ouest, vaste et presque deux fois plus long que le logis, abritait vraisemblablement les communs : écurie et grenier à foin, logement du fermier avec cheminées, cellier et grenier, et un ancien pigeonnier identifiable par de très nombreux trous de boulins. La chapelle, en pavillon au sud‑est de la cour et déjà mentionnée en 1618, fut dotée de deux messes hebdomadaires par René Gédouin en 1659 ; desservie au XVIIIe siècle, elle servit au XIXe siècle de pressoir puis fut abandonnée au début du XXe siècle ; à l'intérieur, seul subsiste le bénitier et l'orientation actuelle place le chœur au sud. Enfin, certains motifs floraux et géométriques des arcs du portail renvoient au décor des baies de la façade sud de l'église de Livré‑sur‑Changeon, datées des années 1530, et un four existait à l'ouest du logis.