Origine et histoire du Château de Montgilbert
Les restes du château de Montgilbert constituent un château fort en ruines à Ferrières-sur-Sichon, dans l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Il se dresse sur un mamelon au nord du hameau de Recost, à 565 m d'altitude, au nord‑ouest de la commune et à 25 km au sud‑est de Vichy. L'édifice, trapézoïdal, date du XIIIe siècle et est flanqué aux quatre angles de tours rondes ; chaque grand côté était défendu par un donjon carré. Il a été bâti à l'emplacement d'un ancien castrum, où des bronzes gallo‑romains ont été découverts en 1867. Le château occupe le sommet d'une butte rocheuse dans un méandre du Vareille, ruisseau alimentant le Sichon.
Il comporte deux enceintes superposées. L'enceinte extérieure, adaptée au terrain, renforce la défense à l'ouest et au sud par des tours et des archères et délimite une basse‑cour où logeaient les serviteurs ; elle fut remaniée au XVe siècle pour l'artillerie naissante, avec canonnières et un bastion aux murs épais qui condamna l'entrée d'origine. L'enceinte haute, de plan carré, présente aux angles des tours rondes encore voûtées — dont l'une abritait la chapelle — et comportait des tours carrées au centre des courtines aujourd'hui disparues ; elle était couronnée d'un chemin de ronde. Une porte à herse, encadrée de deux châtelets, donne accès à la cour haute où se trouvaient le logis seigneurial avec sa salle d'apparat, les communs avec cuisine et grande cheminée, ainsi que des réserves : citerne, silo et caves desservies par un escalier. Une galerie couverte longeait les bâtiments côté cour haute. À partir du XVe siècle, les locaux furent aménagés pour plus de confort : ouverture de fenêtres, enduits muraux et construction d'une rampe d'accès à la poterne du logis seigneurial. Le château fut peu à peu délaissé : salles abandonnées, fenêtres murées, puis abandon complet à la fin du XVIIIe siècle.
Point stratégique entre l'Auvergne, le Forez et le Bourbonnais, Montgilbert a vraisemblablement été construit par la famille de Saint‑Gérand vers 1250, sous le règne de Louis IX. Vers 1280, il fut acquis par la famille Aycelin de Montaigut, puis passa par mariage à la famille de Vienne. Pendant la guerre de Cent Ans, de 1434 à 1439, il fut confisqué au profit de Rodrigue de Villandrando et fit l'objet de travaux importants (bastion, enceinte extérieure, rehaussement de la cour basse). À la Renaissance, la seigneurie appartint aux Saulx‑Tavannes ; elle fut érigée en baronnie en 1611. À partir de la fin du XVIIe siècle, les familles Saulx‑Tavannes puis des Bravards d'Eyssat Duprat délaissèrent Montgilbert au profit du Mayet‑de‑Montagne, entraînant l'abandon de certaines parties. Dans un état de ruine, le château fut vendu comme bien national le 24 mai 1794 ; au XIXe siècle il servit de carrière de pierres, ce qui accéléra sa ruine.
Des bronzes gallo‑romains découverts en 1867 avaient été dispersés ; une recherche publiée en janvier 2025 a permis de tous les localiser et d'attribuer une provenance à deux d'entre eux. Le site a été inscrit aux monuments historiques par arrêté du 11 octobre 1930. Une association de sauvegarde, créée en 1974 après des premiers travaux en 1973, est toujours active en 2025, organise chaque année des chantiers bénévoles et est affiliée à l'Union Rempart.
Plusieurs légendes entourent le château, évoquant notamment un seigneur maléfique du XVe siècle qui aurait tenté de brûler un mendiant nommé Brice avant qu'une pluie miraculeuse n'éteigne les flammes et qu'une faille n'engloutisse le bourreau, un duel au retour d'un pillage où un chevalier en armure noire aurait tué un seigneur survivant, et des jeux cruels où des invités furent contraints de danser sur des charbons ou où l'on plaça un paysan face à un taureau. La base Mérimée mentionne la découverte de bronzes en 1867 et la présence antérieure d'un castrum, mais les travaux de l'association n'ont mis au jour aucune structure antérieure au Moyen Âge ; cette mention doit donc être regardée avec circonspection. Le musée de la civilisation gallo‑romaine de Lyon signale pour sa part une œnochoé (registre E 42, inventaire BR. 195) attribuée à la découverte, dont l'emplacement précis n'est pas spécifié.