Origine et histoire
Les vestiges du château de Bricquebec dominent le bourg depuis une butte et constituent le noyau visible d’un site castral occupé dès la fin du Xe siècle. La seigneurie appartint à la famille Bertran du Xe siècle jusqu’à la fin du XIVe siècle ; parmi ses membres, Robert VII Bertran fut nommé maréchal de France en 1326 et mourut en 1348. Par alliances, la terre passa ensuite aux familles Paisnel puis d’Estouteville ; le roi Henry V la donna au comte de Suffolk en 1418, puis elle fut restituée en 1450 à Louis II d’Estouteville. Les d’Estouteville quittèrent le vieux château comme résidence au cours du second quart du XVIe siècle au profit du château des Galleries, récemment construit à proximité.
Le logis seigneurial, édifié dans le dernier quart du XIIe siècle, était initialement composé de deux bâtiments distincts correspondant à l’aula et à la camera. De cet ensemble, l’aula subsiste partiellement : cette grande salle de plain-pied, bordée d’un bas-côté aujourd’hui disparu, fut divisée en deux niveaux au XVe siècle alors que le bas-côté avait été supprimé au milieu du XIIIe siècle. Du second bâtiment ne subsiste que le sous-sol, voûté lors d’aménagements datés du début du XVe siècle. La chapelle romane, attestée par une charte de 1271 et connue par des plans du XVIIIe siècle, a été détruite ; quelques modillons et fragments sculptés conservés dans le chartrier évoquent son existence.
Le donjon, probablement élevé en pierre au cours de la première moitié du XIVe siècle pour remplacer une structure en bois, repose sur une motte qui pourrait remonter à la fondation de la seigneurie. L’entrée principale, avec sa tour-porte rectangulaire en saillie, paraît également avoir été reconstruite à la même époque en remplacement d’une porte maçonnée plus ancienne. La courtine résulte de plusieurs campagnes de construction et fut profondément remaniée au début du XVe siècle lors de l’aménagement d’un bastion sur son flanc sud ; aux XIVe et XVe siècles, plusieurs bâtiments vinrent s’accoler à cette courtine.
Entre le donjon et la grande salle se trouvaient des constructions importantes : une maison manable du XVe siècle subsistait encore sous forme de vestiges au début du XIXe siècle, et un bâtiment de la première moitié du XVIIe siècle sur deux niveaux, communiquant avec la courtine et la tour de flanquement sud-est, existe aujourd’hui à l’état de vestiges entre les éléments du logis roman. À l’intérieur de l’enceinte subsistent notamment des parties de la grande salle romane, une cave voûtée du XIVe siècle, la tour de l’Horloge correspondant au châtelet d’entrée et le chartrier, qui conservait jadis les archives seigneuriales.
Le site occupe une position stratégique sur un plateau qui contrôlait autrefois un carrefour de voies contournant les marais et un gué sur un ruisseau appelé Brikbekk par les Vikings, reliant notamment Valognes à la côte est. Entièrement reconstruit en grande partie aux XIIIe et XIVe siècles puis remanié au XVIe siècle, le château fut l’un des principaux points d’ancrage de la baronnie de Bricquebec et une place forte notable de la région. Les vestiges, qui offrent une lecture des phases médiévales et modernes de l’architecture castrale — enceintes, tours de plan varié, donjon polygonal, logis et dépendances — sont classés au titre des monuments historiques depuis la liste de 1840. Les extérieurs sont en accès libre et des visites guidées sont proposées localement pour découvrir le site et ses vestiges.