Origine et histoire du Château de l'Ortenbourg
Les ruines des châteaux de l'Ortenbourg et du Ramstein se dressent sur la commune de Scherwiller, dans le Bas‑Rhin. L'Ortenbourg, attribué au comte Werner d'Ortenberg, passa ensuite aux mains des Habsbourg puis d'autres seigneuries et connut restaurations, occupations et démantèlements avant des travaux de consolidation au XIXe siècle. Le Ramstein est un château fort en ruine, établi sur un rocher à l'extrémité sud du Rittersberg, à environ 390 m d'altitude et à quelque 200 m au sud‑ouest de l'Ortenbourg. Il fut construit à la fin du XIIIe siècle par Otto IV d'Ochsenstein, vraisemblablement en lien avec les événements de 1293, et il est attesté dès 1303 parmi les possessions des Habsbourg. Le château changea plusieurs fois de mains au cours du Moyen Âge, passant notamment aux Württemberg, aux Müllenheim et à diverses lignées locales qui y réalisèrent réparations et transformations. Le Ramstein fut saccagé par les Strasbourgeois pendant la guerre de Dachstein, puis remis en état et occupé au moins jusqu'à la première moitié du XVIe siècle. Il fut incendié et démantelé par les Suédois en 1633 et définitivement abandonné par la suite. Les ruines furent acquises et consolidées par des propriétaires privés au XIXe siècle, classées au titre des monuments historiques au XXe siècle et font l'objet, depuis le XXIe siècle, de travaux de dégagement et d'entretien menés aussi par des bénévoles réunis en association. Le toponyme Ramstein, attesté dès 1293, signifie littéralement « rocher des corbeaux », Ram‑ partageant la racine de « corbeau » et ‑stein signifiant « rocher ». Le site occupe les premiers contreforts des Vosges, en bordure de la plaine d'Alsace ; il regarde vers l'Ortenbourg qui domine le versant opposé. Le terrain immédiatement au nord‑est forme une large terrasse relativement plane, ce qui a concentré les défenses sur ce côté, tandis que les flancs sud et ouest bénéficient d'une protection naturelle par forte pente. La plus ancienne mention du château figure dans les Annales du couvent des Dominicains de Colmar, dans une note datée de l'été 1293. L'origine et le rôle du Ramstein ont fait l'objet d'un long débat : de la fin du XIXe siècle à la fin du XXe siècle il fut souvent présenté comme un château de siège destiné à menacer l'Ortenbourg, interprétation remise en cause par des recherches du début du XXIe siècle. Ces études récentes montrent que l'emplacement du Ramstein est mal adapté pour couper les approvisionnements de l'Ortenbourg, que l'argumentation initiale repose largement sur une lecture d'un passage ambigu des Annales, et qu'une arbalète de siège installée au Ramstein n'aurait guère pu atteindre l'Ortenbourg. Le château se compose principalement d'une tour‑habitat imposante posée sur le rocher, d'une basse‑cour en contrebas à l'ouest et d'une enceinte de fausses‑braies garnie de tours. L'accès s'effectuait par l'extrémité orientale du fossé : un assaillant devait franchir une porte, parcourir le fossé vers l'ouest pour atteindre la porte de la basse‑cour, puis traverser le site vers l'est pour gagner la tour‑habitat. La tour‑habitat, quasi rectangulaire d'environ 20 m sur 15 m, reposait directement sur le rocher et dominait le fossé d'une vingtaine de mètres ; elle comptait à l'origine quatre niveaux et fut surélevée de deux étages au XIVe siècle. Aujourd'hui ne subsistent que le mur nord et une partie du mur est de cette tour, les murs ouest et sud ayant presque disparu, l'aspect du mur sud étant partiellement connu par une gravure de 1514. Les niveaux inférieurs, dont la cave et le premier niveau extérieur, ont été en partie comblés ou remaniés et plusieurs ouvertures ont été bouchées au cours des travaux médiévaux. Les maçonneries sont principalement en moellons de granite extraits sur place ; des encadrements et éléments des niveaux supérieurs montrent l'emploi de grès lors de réfections ultérieures et les murs étaient recouverts de crépi. Au XVe siècle, l'ensemble fut entouré de fausses‑braies peu épaisses dotées de tours circulaires et en fer à cheval, comprenant des tours de flanquement et une porte intégrée dans une tour en fer à cheval. Le fossé, en forme de L, isole le château de la crête ; son creusement fournit une grande partie des matériaux de construction et une zone aménagée près de la porte servait à diriger les eaux de ruissellement vers une dépression pouvant servir d'abreuvoir. Les fouilles et travaux de restauration engagés depuis les années 1960, puis intensifiés au XXIe siècle, ont permis de rendre visible le tracé de la basse‑cour, des fausses‑braies et de mieux comprendre l'organisation et les modifications successives du site.