Origine et histoire du Château d'Hyères
Le château d'Hyères est un château médiéval en ruines, perché au sommet de la colline du Castéou (198 m), l'un des sommets des Maurettes, dominant la ville d'Hyères (Var). Les vestiges sont classés monuments historiques par la liste de 1862 ; le rempart et le vieux château sont inscrits depuis le 27 janvier 1926. La devise Arearum Castrum (« le château de l'aire ») est gravée à l'entrée ; la ville porta ce nom au début du Moyen Âge.
Les Sarrasins qui occupaient la Provence orientale furent chassés du Fraxinet en 972-973 par Guillaume, comte de Provence, son frère Roubaud, le marquis de Turin et plusieurs grands seigneurs, dont les seigneurs de Fos (Pons de Fos). En récompense, Guillaume offrit le territoire d'Hyères, de La Londe et de Bormes aux seigneurs de Fos. La première mention du château, construit au milieu du XIe siècle par Pons de Fos, figure en 1062 sous la forme castrum ; en 1074 il est cité comme castellum, ce qui suggère l'installation d'habitants autour de la fortification. Il est possible que le château ait été édifié une trentaine d'années plus tôt sur une fortification antérieure.
En 1254, au retour de la septième croisade, Saint Louis et sa famille y séjournèrent. Après une lutte entre Ildefons Ier et Amelin de Fos au sujet de la possession d'Hyères, le territoire revint à Charles Ier d'Anjou en 1257 ; les seigneurs de Fos abandonnèrent alors le château, la ville, son territoire et les îles d'Hyères contre d'autres terres, l'échange étant évalué à dix mille sous provençaux. Charles II d'Anjou reçut la reine Jeanne en 1348. De 1423 à 1431 le château appartint à Arnaud de Villeneuve, puis il entra dans le domaine royal en 1481.
En 1524 et en 1536, les armées de Charles Quint déferlèrent sur la Provence ; la première fois le château résista puis fut occupé, la seconde il fut épargné. François Ier visita le château en 1530, puis Charles IX en 1564. Pendant les guerres de religion, la ville resta fidèle au roi, mais le château changea souvent de mains. À partir de 1596, le triomphe d'Henri IV provoqua la conquête de la ville ; il fallut un siège de cinq mois pour prendre le château. La décision de démanteler l'édifice fut prise et exécutée en 1620 sous Louis XIII. La femme de lettres George Sand visita le site dans les années 1850. Depuis 2014, la municipalité a lancé un programme de recherche archéologique fondé sur des campagnes de fouilles régulières.
Le château, décrit comme le plus grand château féodal de Provence, se compose de deux cours basses, d'un puits, d'un donjon et de plusieurs portes, dont la porte nord et la porte biaise. Un inventaire mentionne une chapelle, des chambres, une cuisine, une citerne, un moulin, un cellier, un grenier, une forge, une écurie et une bergerie. On y trouve également des tours de flanquement quadrangulaires ouvertes à la gorge, édifiées aux XIIIe–XIVe siècles et intégrées à la première enceinte. L'ensemble est construit en calcaire et en schiste ; subsistent les vestiges de la première cour basse, la seconde porte précédée d'un pont-levis et d'une herse franchissant un fossé de 4,50 m de profondeur, ainsi que la porte biaise qui protégeait le puits en empêchant l'usage du bélier. Le puits fournissait de l'eau potable en cas de siège et le donjon, appelé « Grande Tour » dans les inventaires de 1373 et 1431, est également mentionné.
Dans les années 2000, la mairie d'Hyères a rénové les trois tours de l'entrée et plusieurs meurtrières, installé deux tables d'orientation au sommet et disposé des panneaux d'information sur le site. Sont notamment visibles la portion nord de la courtine de la première enceinte, la tour de la première enceinte, la tour nord du château et la colline du Castéou.
