Origine et histoire du Château du Falkenstein
Le château de Falkenstein se situe sur la commune de Philippsbourg, dans le département de la Moselle, au cœur des Vosges du Nord ; cet ouvrage semi-troglodyte domine la vallée de la Zinsel. La construction est attribuée aux XIe–XIIe siècles et le site est lié à la famille de Lutzelbourg, Pierre de Lutzelbourg étant désigné comme fondateur. Le nom apparaît sous diverses formes anciennes, notamment Valkenstein (1317), Falquestenne (1489) et Falkeinstein (1566).
Le château fut siège d'un comté et d'un fief immédiat de l'Empire, et il est mentionné dans les sources des XIIe et du début du XIIIe siècle (références de 1127 et 1141). Après la disparition de Renaud, fils de Pierre, la seigneurie fut partagée entre plusieurs lignages, dont les Sarrewerden et les Hohenstaufen, puis connut de nombreuses transmissions et querelles familiales au cours des XIVe et XVe siècles. Une paix castrale de 1335 répartit le site en trois parts par des murs transversaux, et des conventions de pariage encadrèrent ensuite la propriété.
Au XVIe siècle, la famille Falkenstein entreprit des travaux de modernisation ; Balthasar et ses fils firent évoluer le château. En 1564, Philippe IV de Hanau-Lichtenberg acheta la seigneurie, mais la forteresse fut frappée par la foudre et incendiée la même année ; elle ne fut pas relevée. Un château de substitution fut édifié dans la vallée, qui subit lui‑même un incendie en 1633.
Après 1564 une partie non détruite resta habitée par un garde forestier, et des conflits entre Hanau-Lichtenberg et le duché de Lorraine compliquèrent la situation foncière jusqu'au début du XVIIe siècle ; le Falkenstein passa alternativement entre différentes mains, conservant parfois le statut de fief honorifique sans possessions réelles. Lors de la guerre de Trente Ans, les troupes de Mansfeld ruinèrent le château en 1623, puis les forces françaises commandées par Montclar procéderont à sa destruction définitive en 1676-1677. Le titre de « comte de Falkenstein » subsista toutefois comme titre honorifique au sein de maisons princières lorraines.
Sur le plan architectural, on reconnaît les vestiges du portail d'entrée, du donjon, des salles troglodytiques et de la tour du puits, qui protégeait le puits, défendait les abords et servait d'habitation à son niveau supérieur. Le site conserve aussi l'emplacement d'un monte-charge utilisé pour hisser les matériaux et, au sommet de la tour d'habitation datée du XVe siècle, un lave‑mains alimenté par un réservoir niché au‑dessus d'un évier ; l'eau s'écoulait par la bouche décorative d'un masque humain encadré de deux blasons. Un chemin taillé dans la roche permet d'accéder au sommet des ruines, où une table d'orientation a été installée.
Propriété de l'État, les vestiges sont classés au titre des monuments historiques depuis le 16 février 1930. Après des travaux de sécurisation, les ruines ont été ouvertes au public à partir de 2013. Deux légendes locales sont rattachées au site : l'une rapporte que l'incendie de 1564 aurait duré cinq jours et cinq nuits, l'autre évoque un tonnelier-fantôme qui frapperait à minuit dans la cave autant de coups qu'il y aura de barriques de vin dans l'année.