Origine et histoire du Château de Peyrepertuse
Le château de Peyrepertuse occupe un éperon rocheux à près de 800 mètres d'altitude et un poste fortifié y aurait été établi au début du IXe siècle lors des luttes contre les Sarrasins, sous le nom de Roquepertuse. Après le retrait des Sarrasins, le lieu perdit de son intérêt et fut abandonné, la première mention d'un castrum de Perapertusa remontant à 1020. Relié au comté de Besalú jusqu'en 1111, il passa ensuite sous l'autorité du comte de Barcelone ; de 1258 à 1781 le château releva de la couronne. Des fouilles ont mis au jour des vestiges antérieurs, datant du Ier siècle av. J.-C. Installé sur un site abrupt et difficile d'accès, Peyrepertuse fait partie des « Cinq fils de Carcassonne » et fut surnommé la « Carcassonne céleste ». Au XIe siècle, l'édifice primitif se présentait comme un bâtiment rectangulaire de deux étages, flanqué d'une tour ronde à l'ouest et doté de pièces voûtées au rez-de-chaussée. Au XIIe siècle une chapelle fut édifiée au nord et reliée aux constructions antérieures par une courtine crénelée ; à la fin du même siècle le château fut fortement renforcé pour garder la frontière aragonaise, avec une courtine rectiligne flanquée de tours demi‑circulaires, percée d'archères et pourvue d'un chemin de ronde. À partir de 1242, sous l'autorité de Louis IX, le site connut d'importants travaux : l'ancien castrum fut remodelé en « donjon vieux », la chapelle surélevée et un second donjon fut élevé sur la crête. Un registre royal daté de juin 1250 à juin 1251 documente ce chantier : il mentionne un maître d'œuvre qualifié de massonus operi, de nombreux ouvriers spécialisés et manœuvres payés à la journée, l'usage de bêtes de somme et le transport du bois depuis les environs, ainsi que des dépenses pour citernes, outils et matériaux. Ce compte livre des précisions sur l'organisation, les salaires et les achats, signale des marges sur l'acquisition de pierres et l'emploi d'un ingenium pour le levage des matériaux. Les aménagements aboutirent à l'édification du donjon de Sant Jòrdi, accessible par l'escalier dit « de Saint‑Louis », et à la mise en place d'un ensemble défensif complet comprenant tours, courtines crénelées et poternes. Après le traité de Corbeil (1258), Peyrepertuse assura durablement la défense de la frontière méridionale du royaume. Le château resta occupé et équipé au fil des siècles, puis perdit son rôle stratégique après le traité des Pyrénées (1659) et fut finalement abandonné à la Révolution française. Vendu comme bien national en 1820, il se dégrada progressivement ; des campagnes de consolidation et de restauration débutèrent en 1950. Classées au titre des monuments historiques dès 1908, ses ruines constituent aujourd'hui un site patrimonial très visité, offrant des vestiges remarquables — donjons, églises fortifiées, citernes et fortifications adaptées aux à‑pics — et s'inscrivent dans les démarches de valorisation et de protection collective du patrimoine régional.