Origine et histoire du Château du Pflixbourg
Le château du Pflixbourg est une forteresse en ruine située sur un éperon de l’Ehrberg, sur le territoire de Wintzenheim, face au village de Zimmerbach, dominant la vallée de Munster à 454 m d’altitude, soit environ 200 m au‑dessus du fond de vallée. Mentionné en 1220 comme fief accordé à Frédéric de Schauenbourg, il a été construit au début du XIIIe siècle et a servi de résidence au bailli impérial Conrad Werner de Hattstatt vers 1270. Conçu comme un château de garnison, il avait pour mission de protéger Colmar et de soutenir l’ost impérial, fonctions qu’il perdit après l’émergence du Hohlandsbourg à la fin du XIIIe siècle. À partir de la fin du XIIIe et tout au long du XIVe siècle, le Pflixbourg fut engagé à divers occupants et ses droits furent progressivement transférés à d’autres châteaux impériaux. Il devint successivement fief des Haus d’Issenheim, puis passa par donation et vente à Caspar Schlick et à Maximin de Ribeaupierre en 1434 ; après cette date il n’est plus mentionné et semble avoir été abandonné au XVe siècle. Des consolidations ont été effectuées en 1864, le site a été occupé et fortifié lors de la Première Guerre mondiale, et des campagnes de restauration importantes ont eu lieu dans les années 1980 puis en 2006–2008. Le Pflixbourg est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1968.
Le plan du château est un polygone de 81 m sur 40 m, dont l’enceinte épouse la forme du rocher et est entourée d’un fossé périphérique creusé dans le substrat granitique. Les bâtiments s’appuient sur la courtine sur la majeure partie du périmètre ; l’entrée se trouve à l’extrémité d’un long couloir formé par le retour de l’enceinte, commandé par un bergfried cylindrique isolé. La tour maîtresse, indépendante de l’enceinte, mesure environ 23 m de haut pour 9,50 m de diamètre et présente des murs d’une épaisseur moyenne de 3 m ; son volume intérieur d’environ 3,25 m en fait un bergfried destiné à la défense plutôt qu’à l’habitation. La porte du bergfried, percée à 9,50 m et en arc brisé, est une des premières occurrences de ce dispositif en Alsace ; elle était accessible par une structure en bois amovible. L’enceinte elle‑même est un mur d’environ 2,10 m d’épaisseur sans tours de flanquement, et se retrousse en angle droit pour former un couloir d’entrée long de 13 m, unique en Alsace dans l’état de conservation actuel.
À l’intérieur, des bâtiments adossés à la courtine formaient des niveaux de caves et d’habitations ; la partie occidentale est la mieux préservée et laisse voir des murs de refend organisant cinq espaces de cave. Les ouvertures de la courtine comprennent latrines, une large fenêtre à coussiège, des baies géminées ornées d’encadrements en grès et plusieurs fentes d’éclairage, tandis que la partie orientale est plus fragmentaire et généralement aveugle du côté de l’attaque. Le château se distingue par une citerne voûtée de 4,75 × 7,25 m et d’environ 5 m de hauteur, d’une capacité d’environ 140 m3, partiellement creusée dans la roche et enduite d’un mortier hydrofuge. N’ayant pas de captage interne, la citerne était alimentée depuis un puisard situé à environ 100 m au nord‑ouest et 40 m plus bas : un conduit en granite d’environ 1,10 m de diamètre débouchant sur un réservoir d’au moins 17 m3. L’eau était transportée entre le puisard et la citerne par des animaux de bât le long d’un chemin creux aménagé, dont la section est‑ouest comporte un hérisson central pour stabiliser la voie ; la céramique retrouvée dans ce chemin date du début du XIIIe siècle.
Les matériaux proviennent essentiellement du site : la maçonnerie est presque entièrement en granite extrait localement, les encadrements de fenêtres en grès rose ont une origine indéterminée et la chaux employée pour le mortier a été apportée depuis la colline du Florimont. Les techniques de construction incluent l’extraction en banquettes et à la pince de carrier, l’emploi de boulins pour ancrer des échafaudages sur la courtine et l’utilisation de troncs noyés dans la maçonnerie pour l’échafaudage de la tour.
Au pied de la courtine, un second fossé défensif est creusé à l’est pour couper l’éperon dorsal, long d’environ 120 m et profond de 1,90 m, accompagné d’un talus extérieur qui pourrait avoir été planté d’arbustes ; un fossé occidental plus sommaire existe également et son origine médiévale est incertaine. Les sondages réalisés dans les années 1970–1980 et en 2010 ont porté principalement sur les fossés, le pourtour du puisard et la restauration ; ces travaux et la révision documentaire ont écarté plusieurs hypothèses anciennes, notamment une occupation antérieure au XIIIe siècle, une datation avant 1212 et l’existence d’un siège destructeur vers 1450. Les éléments stylistiques rapprochent le bergfried et certains traits du Pflixbourg de châteaux impériaux contemporains comme Kaysersberg, Guirbaden et, pour la fonction de garnison, le Hohlandsbourg.