Origine et histoire du Château du Frankenbourg
Le château fort du Frankenbourg, en ruine, occupe le sommet boisé du Schlossberg, entre Neubois et La Vancelle, dans le sud du Bas-Rhin. Il est implanté sur un site occupé dès l'Âge du bronze et marqué par des traces celtiques et romaines, notamment des monnaies de Constantin, une statuette et une hache. L'histoire et l'architecture du château restent difficiles à établir : une dizaine de types de maçonneries coexistent sur le site. L'édifice a vraisemblablement été élevé au milieu du XIIe siècle, sans doute par la famille comtale éponyme, elle-même liée à la lignée des comtes de Sarrebruck et des Werd. Plusieurs membres nommés Sigebert apparaissent dans les sources médiévales et la seigneurie semble avoir été tenue en fief de l'évêché de Strasbourg. Le donjon, daté du troisième quart du XIIIe siècle, a probablement été construit par Henri-Sigesbert V de Werde. La fortune de la famille décline au XIVe siècle et, vers 1336, le château est engagé à la famille de Mullenheim. En 1359 les comtes d'Oettingen vendent leurs dernières possessions, dont le Frankenbourg, à l'évêque de Strasbourg, qui multiplie ensuite les mises en gage. Entre 1393 et 1489 se succèdent de nombreux engagistes, parmi lesquels Johann von Leiningen-Rixingen, les frères Zorn, la famille de Lützelstein, Hans von Uttenheim zu Ramstein, Claus Bock, Jacob von Hohenstein, la ville de Sélestat, la famille Wurmser et le Grand Chapitre de la cathédrale de Strasbourg. À partir de 1489, le Grand Chapitre devient l'unique engagiste jusqu'en 1789. Le château est frappé par un incendie en 1582 et, malgré des restaurations, il est déjà en mauvais état au début du XVIIe siècle. Des campagnes de nettoyage et de consolidation menées par des bénévoles dans les années 1970 et 1980, puis des travaux à partir de 1981, ont modifié et stabilisé l'aspect des ruines, en particulier celui du donjon. Le Schlossberg culmine à 703 mètres ; de son sommet on domine la plaine d'Alsace, la vallée de Villé et la vallée de la Lièpvrette, et l'emplacement contrôlait autrefois la route transvosgienne vers la Lorraine. L'accès se fait à pied depuis La Vancelle, Neubois ou Lièpvre ; des routes bitumées permettent de se rapprocher du site mais leur ouverture à la circulation est limitée selon la saison et certains dimanches, et il reste une marche d'environ dix minutes depuis le parking du Schlossplatz. Les ruines forment une vaste enceinte rectangulaire bordée de murs hauts de 6 à 10 mètres ; la porte, côté nord, regarde la plaine d'Alsace. Le donjon, bien conservé, mesure environ 11 mètres de haut et présente des murs d'une épaisseur de l'ordre de 4 mètres ainsi qu'une voûte en briques. À l'intérieur, côté sud, un escalier en pierre de 20 à 25 marches, adossé au mur, mène vraisemblablement au premier étage ; près de la porte se trouve une petite croisée à fleur de terre offrant une vue sur la Lièpvrette. À flanc de montagne se développe le « mur païen », enceinte protohistorique située environ 150 mètres sous les derniers murs du château, principalement sur la pente ouest. Ce mur est construit en gros blocs assemblés par des clés à queue d'aronde ; son épaisseur est indiquée à 1,80 m, sa largeur à 0,60–0,90 m et sa hauteur à 0,50–0,70 m. La datation du mur fait l'objet de débats : des spécialistes le rattachent à la fin de l'Âge du fer (La Tène) en raison de mobilier gaulois et d'un trésor monétaire mis au jour, d'autres évoquent une origine gallo-romaine ou mérovingienne en s'appuyant sur des monnaies et des restes de bois. Au Moyen Âge, de nombreuses pierres de cette enceinte protohistorique ont probablement été réemployées pour construire le château. Le vaste patrimoine du Frankenbourg passe progressivement aux chanoines du Grand Chapitre et à la ville de Sélestat, puis le Grand Chapitre devient propriétaire effectif jusqu'à la Révolution ; la couronne de protection des ruines commence à la fin du XIXe siècle, avec un classement partiel et ultérieur de l'enceinte protohistorique. Depuis plusieurs décennies, des associations locales — Club Vosgien de Villé, Société d’Histoire du Val de Villé, Scouts et Guides et, depuis 2013, l'association « Les Mains d'Or du Frankenbourg » — entretiennent et valorisent le site.