Origine et histoire
Le château de Cuzorn occupe un éperon rocheux dominant la vallée de la Lémance ; son donjon est une tour carrée du XIIIe siècle, percée de fenêtres à meneaux, et quelques vestiges du mur d'enceinte subsistent. Le site, isolé au bout d'un promontoire, permettait de contrôler l'accès à la vallée. Une inscription trouvée à l'abbaye de Belleperche mentionne un B. de Cuzorn en 1242, et le castrum de Cuzorn est cité en 1271 dans le Saisimentum comitatus tholosani, dépendant de la baylie de Tournon et partagé entre plusieurs co-seigneurs ; en 1293 Auger de Cuzorn détient la haute et basse justice. À l'ouest de la tour, la base d'un bâtiment en abside, construit en petit appareil de moellons équarris et éclairé par une étroite fenêtre à arc monolithe, a été interprétée par G. Séraphin comme la chapelle castrale des XIe‑XIIe siècles. On relève aussi le vestige d'une salle du XIIe siècle à angle arrondi, flanquée d'une tour pourvue de contreforts plats médians du XIIIe siècle. Après le retour de l'Agenais à l'autorité anglaise au traité de Brétigny (1360), le château fut occupé par une compagnie anglaise qui pilla la région et contraignit des villes à payer des rançons. En août 1442, le sénéchal du Quercy fit le siège du château ; les défenses furent alors démantelées et le site rasé. Au cours de la seconde moitié du XVe siècle, une tour et le logis seigneurial furent reconstruits. Par la suite la seigneurie passa entre plusieurs familles, notamment les Lézergues, de Luzech, de Gontaut de Saint‑Geniès, Pierrebussière, d'Aydie, Nadaillac, Escourre et Berdolle. Étienne de Gontaut de Saint‑Geniès est attesté comme seigneur en 1583 et les testaments de la fin du XVIe siècle montrent que le château était encore habitable en 1597. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle la propriété fut vendue à Louis Baillet Berdolle puis transmise à Guillaume Léonard de Bellecombe ; au cours de la Révolution un arrêté de 1793 ordonna la démolition des fortifications, et les archives municipales de décembre 1793 mentionnent la réduction de la grande tour et le comblement des fossés. Le linteau d'une porte, déplacé lors des événements de 1794, fut retrouvé au lieu‑dit Lescarcelle. Au XIXe siècle les biens furent vendus et morcelés : en 1829 la partie restante du château fut cédée à un habitant de Cuzorn, puis successivement à d'autres propriétaires. En 1866 la Congrégation des Filles de Jésus de Vaylats acquit le domaine et y tint une école de filles jusqu'aux lois de 1902 ; la congrégation conserva néanmoins la propriété jusqu'en 1949. Le site fut acheté en 1953 par Georges Rastel, qui y fit d'importants travaux, puis acquis en 1995 par Thierry Delrieu ; les ruines ont été transférées à la commune en 1996. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques en 1950. Aujourd'hui subsistent principalement les ruines du donjon, des fragments de l'enceinte et des éléments de constructions castrales et religieuses.
