Origine et histoire du Château de Salm
Les ruines du château Salm, autrefois appelé Salm supérieur, dominent la vallée de la Bruche sur la commune de La Broque, dans le Bas-Rhin. Selon une source, il aurait été détruit dans les années 1675–1690, tandis que d’autres documents évoquent sa ruine dès 1475 et le signalent en l’état au XVIe et au XVIIe siècle. Élevé entre 1205 et 1225 par Henri III, comte de Salm et avoué de l’abbaye de Senones, le château a servi de point d’organisation pour la seigneurie de Salm en Vosges ; la famille de Salm figurait alors parmi les principales maisons de Lorraine et la dynastie des Salm-Lorraine est issue de la maison de Luxembourg. Henri IV, petit‑fils du fondateur, a réorganisé les salines de Morhange et les forges de Framont, puis, contraint par des difficultés financières et des pressions ecclésiastiques, a vendu le château à l’évêque de Metz en 1258 avant de le reprendre en fief héréditaire. En 1285, le trouvère Jacques Bretel séjourne au château et y fait allusion dans son œuvre le Tournoi de Chauvency. L’occupation du site reste importante aux XIVe et XVe siècles, avec des activités de fonderie, de métallurgie et de poterie, sans doute après l’acquisition par Jean de Salm de la basse vallée de la Bruche en 1366. D’importants travaux autour de 1400 modifient la défense : construction d’une tour bouclier épaisse, édification d’une barbacane et création d’une nouvelle porterie, tandis que la basse cour est agrandie et partiellement équipée de fenêtres vitrées. La guerre menée par Charles le Téméraire contre le duc de Lorraine et ses vassaux semble avoir été fatale au château, qui n’est pas reconstruit ; les Princes de Salm‑Salm et leurs alliés visitent néanmoins la ruine en 1779, visite attestée par une inscription sur un bas‑relief de la contrescarpe. Intégrés au territoire allemand par le traité de Francfort, les vestiges sont classés au titre des monuments historiques le 6 décembre 1898 par l’administration impériale d’Alsace‑Lorraine ; la ruine subit ensuite des dommages lors des combats de 1914 et le territoire est rattaché au Bas‑Rhin en 1919. Implanté à 809 mètres d’altitude sur une barre de grès rouge orientée NE–SO, le site s’étend sur plusieurs niveaux sur environ 120 mètres de long et 50 mètres de large. Le noyau primitif comportait au sud‑ouest un mur bouclier protégeant les bâtiments d’habitation et la citerne ; un palais appuyait les courtines nord‑ouest et nord‑est, dominé par un donjon ou bergfried au point haut du rocher. Au XIVe siècle, le mur bouclier a été renforcé par une tour de flanquement pleine, puis une épaisse tour‑bouclier et une poterne sont aménagées en avant du château, sans doute au début du XVe siècle. Depuis 2004, les travaux de l’association des « Veilleurs de Salm » ont permis la remise au jour de murs jusqu’alors oubliés et une meilleure compréhension des différentes phases de construction, même si la lecture du plan demeure difficile. Parmi les éléments encore lisibles figurent la tour bouclier, la chambre d’une citerne voûtée sur doubleau — cas rare en Alsace — et une poterne ; l’analyse révèle aussi de larges basses‑cours probablement aménagées à partir du XIVe siècle, une barbacane, plusieurs bâtiments intérieurs avec portes et fentes d’éclairage, des arbalétrières à fentes de tir cruciformes du XIIIe siècle et un mobilier architectural évoquant la présence d’une chapelle. La tour bouclier, arasée au niveau du premier étage et marquée par une large brèche artificielle, présente une épaisseur de mur pouvant atteindre trois mètres côté attaque ; sa masse avait pour fonction de résister aux sièges et de masquer les constructions alignées derrière elle. Malgré des aménagements effectués avant la visite princière de 1779 qui ont modifié l’aspect de la ruine, l’ensemble, dont l’architecture gothique a été analysée, place le château de Salm parmi les réalisations comtales remarquables du XIIIe siècle entre Lorraine et Alsace.