Origine et histoire du site castral de Cavagnac
Le château de Cavagnac, situé sur la commune de Cavagnac dans le département du Lot, occupe un site archéologique établi à proximité d'une ancienne villa romaine, la Villa Cavaniacus, mentionnée dès 868 dans le cartulaire de l'abbaye de Beaulieu. La partie la plus ancienne du château remonte au XIIe siècle : les premiers murs sont élevés par la famille Robert, dite « Robert de Cavagnac », dont subsiste une haute tour dite « romane » ou « sarrasine ». La seigneurie est tenue par les Robert sous la suzeraineté des abbés de l'abbaye Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne depuis le milieu du XIIe siècle ; Guillaume-Robert rend hommage à l'abbé vers 1180 et participe en 1142 à la constitution de la grange cistercienne de Saint-Palavy. Son fils Bernard-Robert apparaît dans un acte de 1194 qui confirme que les seigneurs de Cavagnac tenaient le château des abbés de Beaulieu et jouissaient de certains droits, notamment celui d'être enterrés dans le cimetière de l'abbaye ; ils devaient aussi hommage aux prieurs de Friac pour des fiefs dans les paroisses de Cavagnac et de Condat. Au XIVe siècle la suzeraineté passe des abbés au vicomte de Turenne, et Rigald de Cavagnac prête serment en 1351 au vicomte pour ses possessions ; il partage alors la seigneurie avec le chevalier Guillaume de Vassal. La famille de Guiscard, ou Giscard, originaire de Gagnac, hérite du château à la fin du XIVe siècle par mariage et y exerce la haute justice dans la vicomté de Turenne ; Antoine de Guiscard est mentionné comme seigneur en 1454, et un de ses successeurs dénombre au roi en 1504. La seigneurie devient une baronnie au XVIIe siècle. Au XVIe siècle le château féodal est remplacé par un nouveau logis, puis, au milieu du XVIIIe siècle, un corps de logis monumental doté d'une façade sobre est ajouté ; cet ensemble reprend les plans de l'architecture d'une belle demeure parisienne et reflète le goût et la puissance des Guiscard qui occupent le site sans interruption pendant cinq siècles jusqu'à la Révolution. Durant la Révolution, le château est attaqué par des villageois et le blason de la famille, gravé sur une pierre centrale de la façade dans la cour d'honneur, est rogné, situation encore visible aujourd'hui. La lignée masculine des Guiscard s'éteint en 1790 avec la mort de Jean Pierre de Guiscard, baron de Thédirac et seigneur de Cavagnac ; sa sœur Marie Madeleine de Guiscard, épouse du marquis de Plas de Curemonte, hérite du château, et un descendant de la maison des Plas, branche des comtes Desplaces, est aujourd'hui propriétaire de Cavagnac. Parmi les personnalités liées au site figure Marie Angélique de Scorailles de Roussille, duchesse de Fontanges, issue de la maison de Plas de Curemonte, présentée à la cour de Louis XIV et morte à vingt ans dans des circonstances jugées suspectes. Gustave, comte Desplaces, membre de la famille des Plas, est également associé à la lignée ; ingénieur et homme de chemin de fer, il participe au développement ferroviaire au XIXe siècle et réalise notamment le pont de Tarascon, la gare Saint-Charles à Marseille et les docks de la Joliette. Architecturale-ment, le site conserve la tour romane du XIIe siècle et des aménagements successifs des XVIe et XVIIIe siècles, dont le corps de logis au caractère sobre. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques en 2013. Les études et sources relatives à Cavagnac comprennent des travaux de Guillaume Lacoste, Edmond Albe, Pierre Flandin-Bléty, Louis d'Alauzier, Catherine Didon, Tibor Pataki et Colette Chantraine, ainsi que des notices et ressources patrimoniales.