Période
XIIIe siècle, XIVe siècle
Patrimoine classé
Tour de César (cad. C 1364) : classement par liste de 1840 ; Tour du Trésor : classement par arrêté du 3 septembre 1890 ; L'ensemble des parcelles, en totalité, tel que délimité par un liseré rouge sur le plan annexé à l'arrêté, constituant le terrain d'assiette du château de Turenne, avec les vestiges archéologiques qu'elles contiennent et les bâtiments qu'elles supportent, et figurant au cadastre section C n° 1363, 1364, 1365, 1366, 1367, 1368, 1369, 1370, 1371, 1372, 1373 : classement par arrêté du 4 septembre 2015
Origine et histoire
Les vestiges du château de Turenne occupent une plateforme rocheuse dominant le bourg de Turenne, dans la commune du même nom en Corrèze ; il fut le fief de la vicomté de Turenne jusqu'en 1738. Les sources anciennes mentionnent une vicaria Torinensis au VIIe siècle et le castrum de Turenne apparaît dans les textes à partir de 767 lorsque Pépin le Bref s'en empare. Un acte de Louis le Pieux de 823 signale que le castrum avait été confié à Immon, premier comte de Quercy, et d'autres chartes du haut Moyen Âge attestent des liens comtaux et vicomtaux de la région. Le titre de vicomte de Turenne est porté dès la fin du Xe siècle par Bernard, fils d'Adhémar, et la famille de Turenne se trouve liée par alliances et conflits aux vicomtés voisines, notamment aux Comborn. L'emplacement primitif du château reste discuté : un lieu appelé Vieille Turenne, cité en 1074, est aujourd'hui souvent identifié au site carolingien supposé, tandis que la forteresse actuelle aurait été installée à la fin du Xe siècle ou au début du XIe siècle. Raymond Ier a vraisemblablement renforcé les défenses avant son départ pour la première croisade et la vicomté a frappé monnaie durant le haut Moyen Âge jusqu'en 1317. Le château a subi les aléas des rivalités entre Plantagenêts et Capétiens ; Raymond IV se rapproche du roi de France au début du XIIIe siècle, participe aux campagnes royales et voit le château saisi ensuite par l'administration royale durant la première moitié du XIIIe siècle. La vicomté est partagée en 1251 entre branches orientale et occidentale, qui ne se réunissent qu'en 1494, et la seigneurie est finalement vendue en 1738 au roi Louis XV, la transaction prévoyant que le vendeur conserve le titre de vicomte. Les destructions liées à la vente de la vicomté puis au rachat du château ont réduit l'ensemble médiéval ; il reste cependant la base des remparts et trois tours, la tour dite « de César » au nord, la tour dite du Trésor au sud et des vestiges de la tour de la Poudrière qui contrôlait l'entrée. L'étude du bâti a montré qu'une galerie d'apparat, située à l'entrée, reliait la tour du Trésor à un logis sur la face ouest et qu'un autre bâtiment adossé au donjon se trouvait à l'est ; entre les deux tours s'étendaient deux grands logis et des constructions plus modestes, tandis qu'une chapelle, peut‑être la chapelle Saint‑Martial, occupait l'extrémité sud. Les bâtiments édifiés au XVIIe siècle ont aujourd'hui disparu, mais un médaillon de vitrail dans la collégiale apporte des indices sur leur existence. La tour de César est un donjon circulaire haut d'environ 18 mètres, daté du XIIIe siècle ; sa forme circulaire a été rapprochée par certains chercheurs des constructions relevant du domaine capétien et pourrait s'inscrire dans les épisodes de la rivalité Plantagenêts–Capétiens, hypothèse qui conduit à l'attribuer à la période de Raymond IV. La tour du Trésor, donjon rectangulaire à contreforts mesurant 9,50 m sur 12,50 m et daté du XIIIe siècle, présente un plan qualifié de « donjon roman », caractéristique de l'architecture castrale du Limousin ; une origine plus ancienne, peut‑être au XIIe siècle, a été suggérée avant des remaniements ultérieurs. Ce donjon comportait à l'origine trois niveaux : un rez‑de‑chaussée réaménagé au XVIIe siècle pour servir de cuisine, un premier étage voûté d'ogives et haut de plus de neuf mètres qui pourrait correspondre à l'aula médiévale, et un second étage autrefois appelé « salle des archives », transformé en terrasse sommitale. Des bâtiments étaient appuyés contre les élévations est, sud et nord mais ont disparu. Les études ont également repéré les vestiges de trois, voire quatre enceintes protégeant le castrum, la seconde entourant la ville et une troisième attribuée aux guerres de Religion, probablement édifiée dans les années 1570–1580 par le vicomte Henri Ier de La Tour d'Auvergne pour renforcer la place forte protestante. Les vestiges ont fait l'objet de protections au titre des monuments historiques : classés dès 1840, avec la tour de César et le donjon rectangulaire protégés en 1890, et les parcelles du terrain d'assiette inscrites en 2015, incluant les vestiges archéologiques et les bâtiments qui s'y rattachent.