Origine et histoire du Vieux château
Le vieux castrum de Mérindol, situé sur les contreforts méridionaux du Luberon, domine le village et la vallée de la Durance ; ses ruines sont visibles depuis un chemin pédestre à flanc de colline. Le site, en Vaucluse (Provence-Alpes-Côte d'Azur), est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1997. L'occupation médiévale remonte au début du XIIIe siècle, concomitante à l'installation des premiers habitants et à la création de la seigneurie. Les sondages archéologiques, analysés par Christian Markiewicz, ont mis en évidence deux phases d'activité principalement situées dans la seconde moitié des XIIIe et XIVe siècles, identifiées par un abondant mobilier céramique. Les vestiges révèlent le tracé d'une enceinte du XIIIe siècle englobant une chapelle, un donjon légèrement en retrait, un fortin et une courtine conservée sur environ deux mètres de hauteur. L'ensemble comprenait à l'origine un bourg castral constitué de quelques maisons. À sa création, le castrum relevait en fief de Guy, vicomte de Cavaillon et seigneur de Mérindol, lui-même vassal du comte de Toulouse Raymond VII. Au XIVe siècle, le bourg castral compte une quarantaine de maisons ; un seigneur-évêque occupe alors le château et la chapelle sert d'église paroissiale. À partir du milieu du XVe siècle, une grande épidémie de peste ravage le Luberon et entraîne la mortalité des habitants ; dès 1448, le château est abandonné et sans garnison. En 1504, un acte d'habitation signé par le seigneur-évêque accueille douze chefs de famille, soit environ quarante à cinquante personnes, originaires des vallées des Alpes provençales ; cette communauté est composée de Vaudois qui pratiquent le culte de l'Église évangélique vaudoise. Le bourg prospère au milieu du XVIe siècle et atteint entre 150 et 200 habitants en 1540, ce qui provoque la construction de nouvelles habitations en plaine au hameau des Bastides et la création d'une maison commune. En 1545, le sac de Mérindol, ordonné à la suite d'une enquête royale, entraîne l'exécution de nombreux habitants, le démantèlement de la forteresse et des persécutions contre les Vaudois ; certains sont tués, envoyés aux galères ou contraints à l'exil, et d'autres familles fuient vers Genève. Par la suite, François Ier attribue le site au capitaine des galères Antoine de Cabassole du Réal, mais pendant son absence la population restante s'empare de la place et met à mal la garnison ; le village finit par se repeupler, tandis que le château n'est pas reconstruit. Un mémorial vaudois, inauguré en 1978 par trois associations d'Allemagne, d'Italie et de France, rappelle le sort des protestants de Provence et mentionne l'origine vaudoise liée à Valdès en 1170 ainsi que le rattachement à l'Église réformée en 1532. Sur le plan architectural, l'implantation d'origine reste lisible par des pans de murs et des fondations ; le site présente un plan provençal en trois pôles — donjon, chapelle, enceinte — courant dans les villages-castrum du Luberon. L'enceinte prolonge des pans rocheux abrupts qui renforçaient la défense naturelle et la mise en valeur symbolique de la chapelle. La tour, très arasée, est bâtie sur l'arête d'un glacis rocheux long d'une dizaine de mètres et domine des lices étroites limitées par une puissante ceinture où l'on situe l'entrée. L'organisation des lieux imposait un parcours périphérique dans un espace restreint avant d'atteindre la poterne aménagée entre la chapelle et la tour, qui desservait les différents accès. Le site est accessible librement à pied depuis le village et fait partie du chemin de randonnée « Mérindol - Traces vaudoises », créé par les parcs naturels régionaux de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Des vestiges, un mémorial vaudois et une table d'orientation matérialisent aujourd'hui la mémoire du lieu, complétée par des illustrations et un chemin du souvenir qui évoquent le massacre des Vaudois.