Village (vestiges de l'ancien) et château (vestiges) à Rougiers dans le Var

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Village (vestiges de l'ancien) et château (vestiges)

  • Le Château
  • 83170 Rougiers
Château de Rougiers
Village vestiges de lancien et château vestiges
Village vestiges de lancien et château vestiges
Village vestiges de lancien et château vestiges
Village vestiges de lancien et château vestiges
Village vestiges de lancien et château vestiges
Village vestiges de lancien et château vestiges
Village vestiges de lancien et château vestiges
Crédit photo : Denismeloni - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

2e moitié XIIe siècle

Patrimoine classé

Village (vestiges de l'ancien) et château (vestiges) (cad. C 49, 50) : classement par arrêté du 18 mai 1967

Origine et histoire du Château de Rougiers

Le castrum Saint-Jean et les vestiges du village perché de Rougiers se situent sur la commune de Rougiers (Var), sur le flanc nord‑est d'un replat rocheux autour de 600 m d'altitude, parallèlement à l'oppidum de Piégu, dominant le bassin de Saint‑Maximin et permettant le contrôle d'une grande partie de la chaîne de la Sainte‑Baume, avec une vue au nord jusqu'à la montagne Sainte‑Victoire. Le "castellum vel villa de Rothgerium" apparaît dans les sources autour de 1040 lors de la donation par le vicomte Fouque et son épouse Odile de la moitié de leurs droits à l'abbaye Saint‑Victor de Marseille, et les textes de 1040 et 1044 l'associent à la famille de Vence. L'abbaye établit dans l'église paroissiale un prieuré qui, au début du XIIe siècle, compta parmi les plus importants du monastère, sans toutefois parvenir à prendre possession de la seigneurie. Peu avant 1150, la guerre déclenchée par Guillaume de Signes, propriétaire de l'autre moitié de Rougiers, entraîna la destruction et la désertion du site alors nommé Rougiers 2. Malgré une sentence rendue en leur faveur, les moines quittèrent les lieux et Guillaume de Signes et ses fils reconstruisirent le castrum, dit Rougiers 1. Les premiers signes d'un dépeuplement remontent au milieu du XIVe siècle, quand un hameau se forma autour de l'église Saint‑Honorat, siège du prieuré dépendant de la Celle, puis au début du XVe siècle une autre agglomération se fixa plus bas, au bord de la route, au site du village actuel. En 1540 le castrum ne contenait plus que deux maisons et fut complètement déserté peu après. Des fouilles commencées en 1961 et poursuivies pendant une quinzaine d'années par Gabrielle Démians d'Archimbaud firent de Rougiers l'un des premiers grands chantiers d'archéologie médiévale en France ; leurs résultats ont été étudiés dans une thèse d'État soutenue en 1978 et publiés en 1980. Les vestiges ont été classés au titre des monuments historiques en 1967. Le site archéologique conserve les ruines du château féodal et des maisons, ainsi que la chapelle Saint‑Jean de Solferino, édifiée en 1860 par les habitants pour célébrer le passage de l'empereur Napoléon III, et une table d'orientation offre un point de vue sur la région. Les vestiges montrent des remparts et un donjon percé de meurtrières, ainsi que des passages et des espaces intérieurs domestiques. L'emprise du village ancien est d'environ 4 500 m2 mais n'est pas entièrement bâtie ; des zones rocheuses accidentées sont restées nues et l'habitat est limité par le relief et par une longue enceinte bâtie vers l'est, à la limite de la falaise. À l'ouest, le rempart recoupe les replats rocheux sur lesquels s'établit le village et la partie méridionale a été endommagée par un chemin moderne qui recoupe les vestiges. La zone centrale, plus dense, abritait la plupart des installations économiques, tandis que la zone septentrionale, lieu de contrôle des principales voies d'accès, constituait un secteur stratégique protégé par de nombreux bâtiments défensifs. Les fouilles ont livré un mobilier très abondant : 93 919 tessons, environ 2 600 objets en métal, en os, en ivoire, en bois de cervidé, en pierre et en verre, ainsi que 114 monnaies. Le chantier de Rougiers est historiographiquement important : il s'agit de la première fouille française d'un habitat rural du bas Moyen Âge menée à grande échelle, réalisée par Gabrielle Démians d'Archimbaud avec des ouvriers des mines de bauxite recrutés pour leur capacité à assumer de lourdes tâches. La publication de 1980, qui rend compte de tous les aspects de cette fouille extensive, et l'étude du mobilier archéologique ont remis en question à l'époque plusieurs interprétations historiques et fait du site un modèle de référence pour l'archéologie de l'habitat rural médiéval. La qualité des protocoles méthodologiques mis en place par Gabrielle Démians d'Archimbaud a été reconnue au plan national : des coupes stratigraphiques ont été reproduites dans le manuel d'archéologie de Michel de Boüard et l'équipe a accordé une attention particulière aux problèmes de datation, spécialement sensibles en l'absence de référentiel régional pour la céramique. L'importance du site pour les historiens médiévistes tient à la durée de son occupation, à la richesse du matériel et à la finesse des observations issues des fouilles.

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