Origine et histoire du Prieuré de Binson
Le prieuré de Binson est un ancien prieuré bénédictin situé à Châtillon-sur-Marne, dans la Marne; il a longtemps abrité un établissement scolaire. Il fut fondé au milieu du XIe siècle : Miles de Châtillon l'attacha aux chanoines de Soissons, puis, sur intervention de Thibault de Champagne, Thibault de Pierrefonds le confia aux moines de Coincy de l'ordre de Benoît. Le monastère est cité en 1077 pour une rente de vingt sous et était alors consacré à saint Pierre. Le prieuré comportait une léproserie, mentionnée lors d'un don de Guillaume aux Blanches Mains en 1182, lors d'un don de Gaucher II de Nanteuil en 1222 et au cours d'un conflit en 1352 avec Baudouin, seigneur de Vandières; elle fut supprimée en 1697 par un édit de Louis XIV. Passé à la commende, le prieuré était devenu une ferme qui fut vendue comme bien national pendant la Révolution; abandonnée, elle revint à la fabrique de l'église de Châtillon, qui la vendit à un fermier pour en faire une grange pour 7 500 francs. En 1858, le comte de Vermandet, propriétaire, remit la ferme à Mgr Gousset. À partir de 1877, la restauration de l'église fut entreprise par les architectes Deperthes et Thiérot et réalisée par l'entrepreneur Demerlé; des prêtres reprirent possession en 1884. En octobre 1895, le prieuré entra dans la congrégation des Pères blancs et devint un séminaire où l'on enseignait la philosophie, la rhétorique et la théologie aux aspirants destinés à poursuivre leur formation à Maison‑Carrée. Selon les traditions, Urbain II, futur pape, aurait été prieur du lieu. Sainte Posenne, venue d'Irlande avec ses frères et s'étant fixée en Champagne, reposait dans la chapelle qui lui était dédiée. La dalle funéraire de Guillaume de Châtillon et d'Aliénor de Montigny, taillée en pierre bleue de Givet, rappelle la mémoire de Guillaume, fils de Gaucher de Châtillon, seigneur de Troissy, et de Marie Cassinel; il devint seigneur de Châtillon et de La Ferté en Ponthieu en 1416, fut nommé capitaine de Reims et de sa région par Charles VI puis confirmé par le roi d'Angleterre après le traité de Troyes, quitta la ville en 1429 devant Jeanne d'Arc et ne se rallia à Charles VII qu'en 1435 après le traité d'Arras; il mourut en 1440 et son épouse fit graver la dalle, elle repose en l'église des Cordeliers de Reims, pour laquelle elle avait fait une donation. La chapelle subsistante du XIIe siècle, avec son abside, sa nef, son plafond, des parties du chemin de croix, la porte occidentale du cloître et les détails du portail, est protégée au titre des monuments historiques depuis 1922. Elle fut achetée par adjudication en 1839 pour 4 973,4 francs par le comte de Verdonnet, qui en fit don à l'archevêque de Reims en 1858; ce dernier en fit donation, avec un hectare de terrain, au diocèse en 1866 et les travaux furent poursuivis sous l'autorité du cardinal Langnieux. Très endommagée pendant la Première Guerre mondiale, la chapelle a été relevée entre 1928 et 1931 par Mgr Luçon et la Société de Béthéléem. De 1930 à 2018, une communauté salésienne y a assuré l'enseignement en internat au niveau collège en appliquant la pédagogie de Don Bosco.