Origine et histoire
L'église Saint-Romain est une église catholique du quartier Gare Jouvenet à Rouen, située près de la gare sur la place Bernard-Tissot, à l'angle des rues de La Rochefoucauld et du Champ-des-Oiseaux. Elle est dédiée à saint Romain, évêque de Rouen sous Dagobert. Installée à l'extérieur des remparts, elle fut d'abord la chapelle du couvent des Carmes déchaussés, fondé sur le site en 1624; la première pierre du sanctuaire fut posée le 20 novembre 1643 par Henri, duc de Longueville. Orientée initialement avec son chevet sur la rue du Champ-aux-Oiseaux, la chapelle vit le prieur Blaise de la Conception bénir le chœur et la sacristie en 1645; le couvent, fondé en 1568, fut supprimé à la Révolution. Reconstruite à la fin du XVIIe siècle selon une orientation nord-sud le long de la rue du Champ-aux-Oiseaux, la nouvelle première pierre fut posée en 1679 par Pierre de Becdelièvre; la dédicace eut lieu le 21 décembre 1681, tandis que les travaux se poursuivirent jusqu'en 1729. C'est à cette époque que l'autel, œuvre du sculpteur Mazeline, fut aménagé. De style baroque, la reconstruction fut financée par la famille Becdelièvre, représentée dans la décoration par de nombreux petits lièvres. Le tombeau en marbre rouge de saint Romain, conservé jusque en 1804 dans la crypte de l'église Saint-Godard, a été enchâssé sous le maître-autel du XIXe siècle. Lors de la Révolution, l'église devint paroissiale après l'expulsion des carmes, fut fermée en 1793 puis rendue au culte quelques années plus tard. Elle abrite des vitraux des XVIe et XVIIe siècles provenant d'édifices désaffectés ou détruits: vingt-et-un des vingt-quatre proviennent d'une chapelle du cimetière Saint-Maur, de l'église Saint-Martin-sur-Renelle et de l'église Saint-Étienne-des-Tonneliers; les trois autres, datés de 1868, ornent la chapelle des fonts baptismaux. Le couvercle des fonts, issu de Saint-Étienne-des-Tonneliers et transféré en 1802, se trouve aujourd'hui au musée des beaux-arts. Le clocher à plomb repoussé a été élevé en 1876 pour remplacer celui de 1806, suivant les plans d'Eugène Barthélémy et réalisé par Ferdinand Marrou. L'orgue, construit vers 1750, provient de l'église Saint-Laurent.
De plan en croix grecque et orientée nord-sud, l'édifice présente sa façade principale sur la rue de La Rochefoucauld, composée d'un grand portail encadré de niches dont les deux supérieures accueillent les statues de sainte Thérèse d'Avila et de saint Joseph, patrons de l'ordre. Les voûtes de la nef, du chœur et des bras du transept sont en berceau; la croisée est surmontée d'une coupole ornée de peintures de Benoît Pécheux représentant quatre moments clés de la vie de saint Romain: le sacre, la prédication de la croix et la destruction des idoles, le miracle de la gargouille et le retrait des eaux, enfin la procession de la Fierté avec le prisonnier délivré de ses fers. L'église conserve également le sarcophage en porphyre de saint Romain, rapporté de l'église Saint-Godard lors de la Révolution. L'abbé Crevel y a rassemblé des verrières rouennaises anciennes, parmi lesquelles quatre hautes verrières de la nef (1500-1510) sur la vie de saint Jean-Baptiste et un vitrail divisé en deux dans le transept racontant le martyre de saint Étienne, œuvre d'Arnoult de Nimègue, ainsi que des vitraux de 1525 provenant de Saint-Martin-sur-Renelle et des verrières datées de 1562-1569 provenant de la chapelle des Trépassés du cimetière Saint-Maur. Le transept abrite deux autels sculptés par Bonet; l'autel du transept gauche porte une statue de la Vierge et celui de droite une statue de saint Pierre-Julien Eymard, fondateur des Prêtres du Saint-Sacrement, dont la congrégation assurait la charge de l'église jusqu'au départ de ses derniers prêtres du diocèse de Rouen en août 2013. L'église et sa sacristie sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du 20 mai 2022.