Origine et histoire
Château d'Avigneau
LOCALISATION
Le château d'Avigneau est situé à Escamps (Yonne), dans le hameau d'Avigneau, à 2,5 km du centre du bourg. Propriété privée d'époque Renaissance, restaurée au XVIIe siècle, il ne se visite pas ; un sentier piéton qui le longe permet néanmoins de l'admirer.
DESCRIPTION
Un plan de 1782 conservé aux Archives départementales de l'Yonne (cote C 78-6) montre un grand rectangle cantonné de trois tours d'angle rondes, entouré de douves et accessible par un pont. La moitié sud-ouest était occupée par la cour d'honneur dans l'axe du pont, le corps de logis et une grande cour arrière bordée d'ailes secondaires aujourd'hui disparues ; la cour nord-est était entourée par des communs qui ont également disparu. Aujourd'hui, le pont en pierre à trois arches enjambe le seul côté des douves conservé et est dominé par les deux tours circulaires restantes. L'accès se fait par un portail en pierre à fronton curviligne daté de 1733 ; la grille est moderne. Sur sept bâtiments ou ailes originaux, trois subsistent : le corps de logis (XVe-XVIIe siècle), l'extrémité d'une longue aile sud-ouest au toit à la Mansart (XVIIIe siècle) et un petit bâtiment lié à la tour d'angle sud, fortement modifié au XXe siècle. Ce dernier a perdu un niveau et intègre au rez-de-chaussée des éléments anciens, notamment des arcades gothiques provenant d'un cloître des Pyrénées et une grande porte Renaissance en plein cintre surmontée d'un fronton. La façade principale du corps de logis, dans l'axe de l'accès historique, présente deux niveaux de cinq baies, deux portes symétriques à pilastres et frontons, plusieurs fenêtres jumelées et un toit en croupes percé de trois lucarnes à fenêtres jumelées et pignons triangulaires en pierre. À l'arrière subsistent une tourelle carrée en pierre abritant un escalier en vis et une salle couverte d'une voûte d'arêtes à six pénétrations ; la façade nord-est, qui portait une aile des communs, est aveugle. Le pavillon ouest, construit à l'emplacement d'une tour d'angle circulaire, est le seul vestige d'une longue aile du XVIIIe siècle ; sa maçonnerie de pierres au rez-de-chaussée contraste avec l'étage en briques et chaînes de pierre, et il est couvert d'un toit à la Mansart.
HISTORIQUE
Le fief d'Avigneau appartenait en 1339 à Regnault de Beaumont, d'une branche de la maison de Seignelay. Il passa au début du XVe siècle à Philippe de Champs-Montreuillon, puis fut donné en dot à Marie de Champs, petite-fille de Philippe, lorsqu'elle épousa vers 1540 Guillaume de Chuin. Claude de la Bussière fit ensuite entrer le château dans le patrimoine des Chastellux. François Ier y fut reçu en 1541 ; l'amiral de Coligny (1519-1572) y vint aussi, et Louis XIV s'y rendit en 1652 accompagné de la régente Anne d'Autriche. Léon de Chastellux, baron d'Avigneau, céda le domaine à sa fille Anne, dame Boucherat de la Rocatelle. Thomas Marie, maire d'Auxerre et conseiller du roi, anobli pour son rôle pendant la Fronde, acquit le château et le domaine en 1661. En 1823 le baron Alban d'Avigneau mourut sans postérité ; son épouse Françoise de Bèze conserva la propriété jusqu'à sa mort en 1855. Le château fut vendu en 1859 à Charles-Auguste Gillon, qui le revendit en 1890 à Arsène Jouan, sculpteur et antiquaire, bienfaiteur du musée d'Auxerre. Un successeur précipita la ruine de la demeure, mais Hugues Roux, antiquaire à Paris, réussit à la sauver en 1924. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1988.