Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne de Mélas
L'église Saint-Étienne de Mélas se situe dans le quartier de Mélas, sur la commune du Teil (Ardèche, Auvergne-Rhône-Alpes). Classée au titre des monuments historiques depuis 1875, elle occupe le premier lieu de peuplement de la commune, le long de l'ancienne voie romaine reliant Nîmes à Lyon par Alba. Une tradition et des documents anciens font état de la fondation d'un monastère de femmes dédié à saint Étienne et saint Saturnin, attribuée à Frédégonde vers 550 et mentionnée dans la « charta vetus » rédigée autour de 950 ; la filiation de ce monastère reste toutefois inconnue. Des mentions ultérieures la citent en 1275 sous le nom d'« Ecclesia de Malacio », puis comme prieuré au XIVe siècle, et son rattachement à l'abbaye de Cruas n'est pas daté avec certitude. Une hypothèse ancienne faisant de Mélas un castrum romain refuge de l'évêque d'Alba a été proposée au XIXe siècle mais est aujourd'hui rejetée.
La construction de l'édifice se déroule en plusieurs phases : une chapelle octogonale, probablement édifiée au cours de la première moitié du XIe siècle, occupe l'emplacement d'un ancien cimetière ; au cours de la seconde moitié du XIe siècle est élevée au nord‑est une nef étroite avec abside formant le bas‑côté nord actuel ; au XIIe siècle sont construites en deux campagnes la nef centrale, le chœur, l'abside, le clocher et un escalier en vis d'accès au clocher. Le clocher a été surélevé au XVIe siècle. Des travaux importants de restauration et d'agrandissement sont conduits entre 1872 et 1878 sous la direction de l'architecte Laisné et l'entreprise Baron, comprenant notamment la restauration de la chapelle octogonale, du bas‑côté nord et de la façade, la suppression de la tribune et la construction du bas‑côté sud ; des consolidations sont entreprises entre 1899 et 1919, et de nombreux autres travaux de restauration ont lieu au XXe siècle.
L'édifice rassemble des éléments d'époques variées. La chapelle octogonale, souvent regardée comme la plus ancienne, suscite des interprétations divergentes : baptistère selon certains, chapelle funéraire selon d'autres ; les fouilles de 1848 et 1867 ont mis au jour des tombes engagées sous les murs et une construction rectangulaire abritant une cuve baptismale, tandis que des sondages menés entre 1944 et 1948 ont conduit Marc Pabois et d'autres à la considérer comme une chapelle funéraire du premier art roman. Elle s'ouvre sur la nef nord et est couverte d'une coupole circulaire à nervures plates reposant sur des colonnes engagées.
L'église comporte trois nefs. La nef nord, la plus ancienne et peut‑être établie sur les fondations du monastère primitif, date du XIe siècle ; elle présente une abside en cul‑de‑four, des bandes lombardes, des tombes sous dallage et une voûte en demi‑berceau. La nef centrale, du XIIe siècle, compte cinq travées voûtées en berceau brisé ; les quatre premières travées sont attribuées au début du XIIe siècle et la cinquième, jouxtant l'abside, est couverte par une coupole octogonale sur trompe qui porte le clocher ; un escalier à vis placé sur le flanc sud dessert ce clocher. Les chapiteaux de la nef centrale sont ornés, dont deux historiés représentant le sacrifice d'Abraham et la pesée des âmes ; on y observe aussi la représentation d'un poisson, peut‑être un rappel de l'ichtus. Le bas‑côté sud est une reconstruction du XIXe siècle. Le plan romain de l'ensemble est comparable à celui d'autres églises de la vallée du Rhône.
Le 11 novembre 2019, un séisme de magnitude 5,4 a provoqué l'effondrement de la voûte de l'édifice, un affaissement du sol et d'importants dégâts aux murs.
