Période
XIIe siècle, XIIIe siècle, XIVe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle
Patrimoine classé
Eglise en totalité ; façades et toitures de l'aile du cloître subsistante ; le sol de l'ancienne abbaye ; la fontaine Saint-Nivard (cad. AN 3, 8, 9, 10, 209) : classement par arrêté du 27 juin 1983 ; Portail d'entrée ; façades et toitures du bâtiment de l'ancienne cuisine, ainsi que les deux travées voutées d'ogives qu'il renferme (cad. AN 9) : inscription par arrêté du 27 juin 1983
Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Pierre
L'abbaye Saint-Pierre d'Hautvillers, ancienne abbaye bénédictine, se situe dans la commune d'Hautvillers, dans la Marne. Elle aurait été fondée en 650 par saint Nivard ; selon la tradition, une colombe aurait indiqué l'emplacement où l'abbé dut établir la communauté selon les règles de saint Benoît et de saint Colomban. Sous les Carolingiens, l'abbaye prit un rayonnement important, notamment par la production de manuscrits tels que l'Évangéliaire d'Ebbon et peut‑être le psautier d'Utrecht. Saint Rieul entra au monastère en 662 et succéda à saint Nivard en 669. L'abbaye possédait la relique du corps de sainte Hélène, volée à Rome en 841 par un prêtre de Reims, qui suscita un important pèlerinage et des revenus ayant permis l'achat de terres et de vignobles de Champagne, soit quarante hectares. La communauté connut une prospérité notable avant de décliner jusqu'à six religieux en 1634, puis de remonter à vingt‑quatre en 1689. L'abbaye a également accueilli Dom Pérignon, dont le nom reste associé à la création du vin de Champagne.
Aujourd'hui l'abbaye appartient à la maison de Champagne Moët & Chandon, du groupe LVMH. En 2012, le cloître a été restauré et la porte Saint‑Hélène, disparue, a été reconstruite à l'identique par Moët & Chandon en collaboration avec les architectes des bâtiments de France. Le site est désormais utilisé par la maison de Champagne pour l'accueil de ses invités.
L'église Saint‑Sindulphe, propriété communale, abrite les tombes de Dom Pérignon et de Dom Royer et conserve un important mobilier. Parmi ses pièces remarquables figure un orgue de tribune lié à Louis Gorlidot, Matthieu Wyskirclum, Nicolas Augustin Hubert et Augustin Brisset : un premier instrument fut construit en 1630 par deux facteurs d'origine germanique, puis reconstruit à partir de jeux anciens par Louis Gorlidot et Matthieu Wyskirclum vers 1769 ; l'orgue a été modifié par Nicolas Augustin Hubert en 1847 puis par Augustin Brisset à la fin du XIXe siècle, et pendant la Seconde Guerre mondiale une partie des tuyaux (438 tuyaux) a été dispersée ; l'instrument actuel comporte trois claviers de 56 notes et un pédalier de 32 notes. L'église conserve en outre le reliquaire de sainte Hélène, un reliquaire de Nivard de Reims et un ensemble de stalles surmontées de peintures.
Le site présente divers éléments visibles lors des visites et manifestations : concerts tels que « Entre vignes et forêts », le reliquaire de sainte Hélène, les orgues, l'accès au chœur, un chapiteau évoquant Jeanne d'Arc, l'entrée des moniales, les stalles et une peinture du Christ et des larrons.
Parmi les abbés connus figurent saint Berchaire, premier abbé d'Hautvillers, et Rotmar (v. 952). Parmi les abbés commendataires on compte Jean Philippe d'Orléans (v. 1744) et Alphonse de Lateriis, dernier abbé d'Hautvillers. Plusieurs moines et visiteurs se signalent dans l'histoire de l'abbaye, notamment saint Réole, Dom Thierry de Viaixnes (1659-1735), qui y enseigna la théologie et la philosophie et se lia d'amitié avec Dom Jean Thiroux de l'abbaye Saint‑Remi de Reims, ainsi qu'Alemanne de Hautvillers, connu pour sa lettre à Sigebode, évêque de Narbonne.
