Origine et histoire du Château de Baye
Le château de Baye, situé sur la commune de Baye dans la Marne, présente une fondation très ancienne dont témoigne surtout la chapelle. La tradition fait naître Saint‑Alpin au Ve siècle sur ce site, et des seigneurs de Baye sont attestés dès le XIe siècle, sans toutefois que des documents permettent de préciser l'origine du château. Les archives du château, encore présentes lors de la notice de Joseph de Baye en 1883, ont été dispersées lors de la vente de 1934. La chapelle est l'élément le plus ancien du site : elle a été édifiée entre 1205 et 1220 pour Simon Ier de Châteauvillain dit « le Jeune » (lié à la famille de Broyes) et elle est citée dans le testament d'Alix de Luzy rédigé en 1270. Ses vitraux, datés du XIIIe siècle, sont originaux et constituent un des rares éléments intacts du monument. Joseph de Baye a avancé l'hypothèse d'une campagne de construction commencée en 1150, sans fournir de documents pour l'étayer ; il est néanmoins probable qu'un château existait, Baye étant alors l'une des grandes baronnies du comté de Champagne. Un texte du XIVe siècle signale des travaux de fortification. Au XVe siècle, la famille de Béthune, propriétaire depuis Jean II de Béthune dit « de Locres », entreprend des travaux qui peuvent correspondre à une campagne systématique ou à une reconstruction importante. Au XVIe siècle, Jean IV de Béthune vend la baronnie à François de Clèves ; c'est peut‑être à cette époque que des tours bordant la route, munies de canonnières, sont reconstruites et qu'une longue galerie à deux étages est édifiée entre la chapelle et une tour, avec un pavillon d'angle assurant la liaison avec le logis principal. Claude Chastillon a gravé une vue du château vers la fin du XVIe siècle et la galerie paraît alors achevée. En 1603 la duchesse de Guise Catherine de Clèves cède la seigneurie à Jean Delon Delorme, qui la conserve jusqu'en 1660 et qui est probablement à l'origine des aménagements de l'aile sud et de la porte d'accès à la cour. Le château est vendu en 1660 à Pierre Larcher, sans qu'il y ait de modifications connues. En 1708, la seigneurie passe aux Berthelot de Pléneuf : Étienne Berthelot puis son fils François II entreprennent des modernisations peu coûteuses, réalisant notamment un grand escalier dans le corps de logis et réaménageant les façades pour leur donner une plus grande symétrie, avec un avant‑corps plaqué et un fronton triangulaire. Aux XIXe et XXe siècles, la famille Berthelot s'occupe surtout de l'administration du domaine ; vers 1859 la ferme du château est reconstruite par l'architecte Claude Parent et la galerie a accueilli les collections de l'archéologue Joseph Berthelot de Baye. Dans les années 1950, le château, très délabré, est cédé par Mlle Yolande Berthelot de Baye aux Foyers de charité : il est réparé et transformé, l'aile nord est surélevée, les divisions intérieures modifiées et certaines baies déplacées, tandis que la chapelle reste, selon le dossier, l'élément demeuré intact depuis huit cents ans. La chapelle Saint‑Alpin est classée au titre des monuments historiques depuis le 23 mars 1923. Les vitraux de la chapelle, datés de 1205‑1220 et stylistiquement proches des verrières du Laonnois et du Soissonnais, ont été déposés en 1939, restaurés par l'atelier Jacques Simon de Reims et reposés en 1966 ; ils comprennent notamment la verrière d'axe consacrée à la Passion et à la vie glorieuse du Christ, des verrières illustrant des scènes de la vie du Christ et de son enfance, une verrière consacrée à la vie de saint Jean‑l'Évangéliste et une verrière représentant l'arbre de Jessé. La documentation et l'iconographie disponibles montrent l'évolution du site : vues du château médiéval, représentation en 1838, documents sur les dégâts de la guerre et photographies de l'état actuel.