Origine et histoire
Les carrières dites de l'Infirmerie et du Premier Zouave sont d'anciennes exploitations souterraines de calcaire, transformées en cantonnement par les soldats français pendant la Première Guerre mondiale et ornées de nombreuses sculptures et inscriptions. Elles se situent à Confrécourt, près de Vic‑sur‑Aisne, sur la commune de Nouvron‑Vingré ; l'une d'elles est visitable avec les guides de l'association Soissonnais 14‑18. Le site de Confrécourt comprenait avant 1914 une vaste ferme d'origine monastique, attestée depuis l'époque carolingienne, installée au bord du plateau du Soissonnais et fortifiée, position qui en fit un lieu de combats intenses à la fin de la bataille de la Marne. À partir de septembre 1914 la région fut disputée entre forces françaises et allemandes ; le recul britannique fin septembre fixa le front et Confrécourt se retrouva en retrait, à quelques centaines de mètres des premières lignes. Les belligérants consolidèrent alors leurs défenses : tranchées et carrières furent aménagées pour abriter les troupes et se protéger des bombardements qui se multiplièrent dès le 14 septembre 1914. L'occupation des lieux fut presque continue pendant toute la guerre ; la ferme fut entièrement détruite et il ne subsiste aujourd'hui que des contreforts du soubassement au sud‑ouest. Le secteur resta relativement calme jusqu'en mars 1917, période où l'armée allemande se replaça sur la ligne Hindenburg, provoquant le repli temporaire des Français hors des carrières ; ces dernières furent de nouveau occupées lors des mouvements de 1918 et la zone sortit définitivement du combat à partir d'août 1918. Les carrières, exploitées depuis le Moyen Âge et utilisées pour la reconstruction de la ferme à la fin du XIVe siècle, présentent une extraction méthodique du calcaire vergelé selon la technique des « piliers tournés », qui a assuré une bonne stabilité du ciel de carrière et leur a permis d'offrir un refuge sûr.
Sur le territoire de la ferme se trouvent quatre carrières principales ; deux d'entre elles, la carrière du Premier Zouave et celle dite de l'Infirmerie ou « de l'hôpital », présentent les vestiges les plus remarquables. La carrière dite du Premier Zouave doit son nom au fronton orné de l'insigne de cette unité et abrite de petites salles en enfilade ; elle s'étend sur environ 150 mètres depuis son entrée principale et conserve plus d'une soixantaine de graffitis et sculptures militaires. Trois secteurs concentrent les inscriptions : l'entrée principale où les régiments ont laissé leur marque, le fond de la galerie qui accueille la chapelle dite « du père Doncœur » surmontée de l'inscription « Dieu protège la France », et la zone proche de la seconde entrée où figurent plusieurs traces remarquables. L'autel dans son état initial de décembre 1914 est connu par le tableau de Louis Tinayre, La messe de minuit à Confrécourt, conservé au musée de Soissons depuis son acquisition en 2019 par Soissonnais 14‑18 et la Société historique de Soissons. La carrière dite de l'Infirmerie a servi de poste de secours et porte les marques des services de santé qui s'y sont succédé ; son entrée est ornée de blasons médicaux visibles derrière des grilles. Elle contient environ quarante inscriptions et une chapelle dite « des Bretons », aménagée en novembre 1916 par des soldats du 262e régiment d'infanterie de Lorient, mais son accès est aujourd'hui délicat en raison d'effondrements et de zones dangereuses.
L'occupation intense et durable du site par des unités de l'arrière et du front, des artilleurs et des services d'intendance a transformé les carrières en véritable caserne souterraine : postes de commandement, dortoirs avec lits superposés, cuisines, salles de distraction, dépôts de munitions, locaux médicaux et postes de police y furent aménagés, organisant l'espace irrégulier des galeries et offrant aux soldats un abri avant de rejoindre le combat extérieur. L'ensemble formé par les deux carrières, les ruines de la ferme de Confrécourt et le monument de la Croix‑Rompue a été protégé comme témoignage de la Grande Guerre et pour la qualité de ses décors épigraphiques ; deux carrières et les ruines de la ferme sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1990. Le site accueille des groupes et les familles de descendants, avec des visites guidées et des permanences organisées par l'association Soissonnais 14‑18 à Vic‑sur‑Aisne sur rendez‑vous et lors de visites mensuelles. Des commémorations, des messes et des visites de familles de combattants y ont eu lieu, des tournages ont été organisés en 2013 et en mai 2022, et la carrière du Premier Zouave, fermée temporairement pour raisons de sécurité pendant la saison 2021‑2022, a rouvert après travaux en avril 2023. Des descendants du peintre Louis Tinayre et de bénévoles, ainsi que la famille du père Doncoeur, ont fait des visites de mémoire et d'étude du site et de ses graffitis.