Origine et histoire
La Grand'Église, dite église Saint-Étienne ou Saint-Étienne–Saint-Laurent, est un édifice gothique situé 25, place Boivin à Saint-Étienne, appartenant à la paroisse Saint-Étienne–Saint-Benoît et au diocèse de Saint-Étienne. L'édifice actuel remonte au XVe siècle : certaines sources indiquent une construction en 1446 sur des fondations d'une église primitive, tandis que d'autres mentionnent une campagne de travaux s'étalant de 1450 à 1480, le portail étant commencé avant le chœur. La dédicace à saint Étienne et la mention d'une ancienne « chapelle supérieure » laissent envisager une origine plus ancienne, éventuellement signalée dans l'archiprêtré de Jarez autour de l'an mil, mais les archives antérieures au XVe siècle sont très lacunaires. À la fin du Moyen Âge, la vaste paroisse s'étendait des sources du Furan à Saint-Priest-en-Jarez et son histoire est liée aux évolutions politiques entre le Forez et l'archevêché de Lyon. L'église a été mutilée et pillée à plusieurs reprises, notamment pendant les guerres de religion, et transformée en atelier de forge durant la Révolution ; en 1795 l'architecte voyer Pierre-Antoine Dalgabio fut chargé par la commune de la rétablir comme lieu de culte. Le jeu d'orgues fut installé le 25 novembre 1844 et la construction du presbytère en 1853 au nord entraîna l'édification d'un perron pour l'accès latéral. Construite en grès houiller, la Grand'Église présente le style gothique forézien et un chœur reconstruit en gothique flamboyant après avoir été en ruine au XVe siècle. Son plan en croix latine comprend une nef centrale de cinq travées, des bas-côtés avec chapelles latérales, un transept non débordant et une abside ; son implantation contre le mur d'enceinte au nord a longtemps empêché l'élévation de chapelles sur ce bas-côté, la première chapelle n'étant aménagée qu'après la démolition de l'enceinte en 1619. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 29 décembre 1949. Le mobilier comprend un clocher abritant six cloches, un imposant orgue de facteur Mutin-Cavaillé-Coll daté de 1922, et des vitraux du chœur exécutés en 1840 par le verrier Émile Thibaud. On y conserve également une Mise au tombeau en bois polychrome du XVIe siècle, un relief de la Lapidation de saint Étienne du XIXe siècle flanqué de deux statues attribuées à Joseph-Hugues Fabisch, et une Vierge à l'Enfant en marbre blanc de 1861 signée Étienne Montagny. Le « Vœu de la Ville », souvenir du vœu prononcé par les échevins en 1629, est présent dans l'église et son attribution est discutée entre Antoine Reynard et Louis-François Staron. La paroisse a compté de nombreux curés notables, depuis Colomb de Curnieu et Jocerand Durgel au Moyen Âge jusqu'à Guy Colombet au XVIIe siècle, qui fonda des écoles et des hospices et soutint des œuvres de charité ; d'autres titulaires ont participé à la vie religieuse et sociale de la ville au fil des siècles.