Origine et histoire
La chapelle du Sacré‑Cœur, dite aussi chapelle des Feuillants, a été construite sur l'ancien couvent des Feuillants à Poitiers par l'architecte Pierre Couteault ; la première pierre a été posée en 1818 et l'édifice achevé en 1829. L'édifice de style néo‑classique, marqué d'un fort italianisme, est élevé en moellons enduits et pierre de taille, orienté en croix latine ; il mesure 36 mètres de long et 22 mètres de haut sous la coupole. Les bâtiments conventuels qui l'entourent datent du XVIIe siècle et le prieuré des Feuillants fut fondé par Louis XIII. Après la Révolution, le couvent fut racheté lors de la vente des biens nationaux par trois sœurs, Lydie, Reine et Pulchérie Chobelet, qui firent ensuite appel à Madeleine Sophie Barat ; la congrégation du Sacré‑Cœur s'installe progressivement, ouvrant un noviciat en 1806 et une maison d'instruction qui accueillit 150 élèves en 1807. La croissance de l'école conduisit la congrégation à faire édifier une nouvelle chapelle, dont la maîtresse d'ouvrage fut mère Grosier ; la chapelle appartint à la congrégation pendant environ un siècle et demi. L'édifice est béni en 1829 par monseigneur Jean‑Baptiste de Bouillé ; le clocher est érigé en 1844 avec deux cloches dont l'une porte le nom de Madeleine‑Sophie, et la chaire est installée en 1845. Des travaux d'entretien et d'aménagement eurent lieu dans la seconde moitié du XIXe siècle : la couverture est remplacée par du zinc en 1858, le maître‑autel et l'orgue sont réalisés en 1859 et les premiers vitraux sont posés à la même période ; l'église est consacrée en 1860 et dédiée à saint François‑Xavier. Au XXe siècle, les expulsions des congrégations en 1904 entraînèrent la vente temporaire du couvent, racheté en 1905 par la comtesse Aubaret pour le restituer à la congrégation, qui réintégra les lieux en 1913 et rendit la chapelle au culte. Entre 1920 et 1923, l'une des religieuses du couvent, sœur Josefa Menéndez, aurait eu des visions du Sacré‑Cœur, événements qui contribuèrent au renom de la chapelle sous ce vocable. Le pensionnat ferma en 1962, la chapelle fut classée monument historique en 1997 et l'école Saint‑Stanislas ferma en 2002. Le couvent fut vendu en 2011 au groupe Vivalto, qui y installa une maison de retraite nommée Les Feuillants ; en 2018 l'association Le Chant des Feuillants racheta la chapelle pour en assurer la sauvegarde et la restauration. À l'extérieur, la composition néo‑classique se manifeste par un tambour rectangulaire surmonté d'une coupole, quatre frontons et des dômes semi‑hémisphériques couvrant le chœur et les transepts, évoquant certains modèles de la Restauration. L'intérieur se développe en cinq travées séparées par des pilastres et modillons ; les baies accueillent progressivement des vitraux dont ceux de la nef sont à motifs floraux et ceux du chœur figuratifs. Les vitraux du transept nord représentent saint Paul et sainte Marie‑Madeleine, ceux du transept sud saint Pierre, et le chœur est orné d'une représentation de la Sainte Famille ; le dernier vitrail posé représente le Sacré‑Cœur et a été inséré au XXe siècle après percement de la baie correspondante. L'architecture de la chapelle témoigne d'influences classiques et néo‑classiques, avec des affinités évoquant des architectes comme Pierre Leduc et Claude‑Nicolas Ledoux, notamment visibles dans la charpente. Cette charpente, unique par sa conception, est aujourd'hui menacée par des infiltrations d'eau liées à un léger affaissement des angles du tambour et nécessite une restauration pour préserver cet élément rare du patrimoine. La chapelle des Feuillants est considérée comme la seule structure religieuse néo‑classique à Poitiers, et son classement en 1997 protège également ses boiseries, la tribune et les stalles.