Origine et histoire
L'église Saint‑Vincent de Bertangles était à l'origine vraisemblablement la chapelle du château et son histoire reste liée aux seigneurs de Bertangles. L'unité visuelle du bâtiment tient aux assises alternées de brique et de pierre qui recouvrent deux parties distinctes : une nef basse, caractéristique des églises rurales d'Ancien Régime, et un chœur reconstruit en style néo‑gothique. La nef, la partie la plus ancienne conservée, confirme une datation à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle ; deux clefs de voûte et une vitre portent les armes de la famille de Glisy. Le chœur a été refait en 1846 sur les plans de l'architecte parisien A. Goze ; les travaux ont été financés par les familles de Clermont‑Tonnerre et de Chauvelin. Des chapelles latérales et une chapelle privée pour les Clermont‑Tonnerre, prolongeant le bas‑côté du chœur, datent de la seconde moitié du XIXe siècle, et une crypte funéraire se trouve sous la chapelle privée. Les archives signalent des réparations répétées au XIXe siècle, l'autorisation de lever un impôt exceptionnel en 1833 pour financer des travaux et la translation du cimetière en 1885. L'édifice a subi des interventions après l'ouragan qui l'endommagea en 1876, puis de nouveaux travaux de toiture et sur le clocher en 1886, 1892 et 1909. Au début du XXe siècle, l'architecte E. Douillet constata l'état de vétusté de la couverture de la nef et recommanda une réfection ; des travaux furent entrepris en 1908 et 1913. Après la Première Guerre mondiale, des réparations importantes furent estimées et exécutées en 1929, la comtesse de Clermont‑Tonnerre participant au règlement des travaux. L'éclairage électrique fut installé en 1932. Une campagne de restauration significative eut lieu en 1984 : réfection des couvertures, remise en place du lambris de couvrement de la nef et restauration des vitraux des fenêtres hautes du chœur par l'atelier de Claude Barre, qui a également fourni les vitraux modernes des baies inférieures. L'intérieur conserve un monument néo‑renaissance en pierre élevé en 1852 par les frères Duthoit à la mémoire de Julian de Clermont‑Tonnerre et de son épouse Claude de Rohan. Outre les verrières du XVIe siècle de la chapelle privée, les vitraux des fenêtres hautes du chœur, datés de 1870, sont de l'atelier Darquet d'Amiens et représentent saint Vincent et sainte Théudosie. Les descriptions anciennes mentionnent une nef et un chœur à chevet plat, construits en maçonnerie sur soubassement de grès, une charpente de chœur ornée et des décors peints associés aux seigneurs locaux. La seigneurie passa aux de Glisy en 1524 puis, par alliances, aux familles suivantes, qui laissèrent plusieurs legs et armoiries dans l'église. L'édifice est protégé au titre des monuments historiques par inscription par arrêté du 8 février 2001.