Origine et histoire
L’église Saint-Riquier de Fontaine-sur-Somme, dans la Somme, a été édifiée à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, sous les règnes de Charles VIII et de Louis XII. Son architecture est globalement de style gothique classique, le portail relevant du gothique flamboyant. Gravement atteinte par les combats de 1940, il ne restait de l’édifice que les murs ; le clocher-porche et la flèche en pierre furent reconstruits après la guerre. Les cloches, tombées à la suite de l’incendie, furent enterrées par des habitants pour éviter le pillage ; seule la cloche Marie Antoinette fut rescapée de l’ancien carillon. L’église est classée au titre des monuments historiques depuis 1941, le portail ayant été classé dès 1910. La restauration, entreprise après la Seconde Guerre mondiale, s’est achevée dans les années 1970. Une souscription auprès des habitants a permis de constituer un nouveau carillon : l’ancien se composait de Charlotte Élisabeth (mi bémol, 900 kg), Isidore Sophie (fa, 692 kg), Jeanne Catherine (sol, 498 kg), Marie Antoinette (la, 420 kg) et Jeanne Henriette ou Dindin (ré, 60 kg). Le nouveau carillon comprend Élisabeth (fa, 800 kg), Jeanne Armelle Berthe (sol, 530 kg), Marie Antoinette (la, 420 kg), Claudette Florence (si bémol, 335 kg), Michèle Adrienne (do, 250 kg) et Agnès Françoise (si bémol, 45 kg) ; il manque encore une cloche pour compléter l’octave.
Le portail flamboyant du bas-côté nord, demeuré intact, est décoré de statues représentant saint Riquier en mitre et crosse au centre, saint Pierre tenant sa clé à droite et saint Adrien avec son enclume à gauche. Aux écoinçons supérieurs, on reconnaît, sculptés en médaillons, les emblèmes de Louis XII (le porc-épic) et de François Ier (la salamandre) accompagnés des dates 1510 et 1515. La flèche du clocher date du XVIIe siècle et le clocher lui-même a été reconstruit après la guerre.
L’intérieur se compose d’une nef centrale et de deux nefs latérales ; la travée de gauche abrite la chapelle de la Vierge, dont les pendentifs sont d’origine sauf un reconstitué après la guerre, tous taillés en pierre de Richemont, et la travée de droite correspond à la chapelle Saint-Joseph. Le maître-autel est attribué à Jean‑Baptiste Carpentier. Les voûtes de la chapelle de la Vierge portent la date de 1561 et sont ornées de clefs pendantes sculptées longues de 60 centimètres ; cette chapelle se compose de trois travées illustrant successivement le procès de Paradis (Dieu entouré d’Adam et Ève, la Paix, la Justice, la Miséricorde, la Vérité et les Patriarches), un ensemble groupant Jérémie, l’ange Gabriel, Isaïe et David avec, entre ces groupes, deux écus portant les armes de France et celles de la famille d’Egmont, puis une travée montrant la Visitation et la Fuite en Égypte accompagnées, derrière David, de la Vierge Marie et de deux écus représentant un « lac d’Amour » et le monogramme de l’architecte. Les clefs de voûte du chœur, de style Renaissance, ont été reconstruites après 1945. La voûte de la nef a été refaite en chêne selon le principe du bateau renversé et le sol d’origine en ardoise (schiste) a été remplacé par un dallage en marbre.
En 1939, lors de la déclaration de guerre, les vitraux furent déposés et entreposés à Champs-sur-Marne ; ils furent réinstallés à la fin du XXe siècle après restauration et intégration d’éléments modernes. L’édifice renferme également des statues en bois polychrome du XVIe siècle, dont saint Roch et saint Jean, restaurées et placées sous protection en 2016.