Origine et histoire du Château Perrier
Le château Perrier, construit par l'architecte Eugène Cordier pour le négociant Charles-Nicolas Perrier, est situé avenue de Champagne à Épernay et accueille aujourd'hui le Musée du Vin de Champagne et d'Archéologie régionale. Les travaux commencent en 1852 par le creusement des caves, suivis de la construction des deux pavillons sur rue en 1852-1853, des maçonneries du corps principal en 1853-1854, de la pose de la charpente et de la couverture en 1855, puis de l'aménagement intérieur achevé fin 1856; les travaux sont officiellement terminés en 1857 pour un coût d'environ un million de francs. Charles-Nicolas Perrier est le fils de Pierre-Nicolas Perrier-Jouët, fondateur de la maison de Champagne Perrier-Jouët en 1811. À la mort de Charles et d'Octavie Perrier en 1878, le château revient à Henri Gallice et prend le nom de château Gallice. Henri Gallice, passionné de chevaux et de chasse, fait installer dans la cour la statue en fonte intitulée « Le Veneur », œuvre de Pierre Le Nordez, en 1890. Pendant la Première Guerre mondiale, les caves du château servent d'hôpital militaire pour les troupes italiennes, des inscriptions italiennes retrouvées dans l'édifice en témoignent. En 1917 Henri Gallice abandonne la gestion courante de la maison. Durant la Seconde Guerre mondiale, le château sert successivement de quartier général aux armées britannique, allemande et américaine; la Royal Air Force le loue de 1939 à 1940. Le conseil municipal d'Épernay décide en 1942 d'acquérir le château pour y installer le musée municipal et la bibliothèque; l'acte est signé le 16 septembre 1943 et le bâtiment reprend son nom d'origine, château Perrier. Le rez-de-chaussée accueille alors la bibliothèque, le premier étage le musée d'histoire du champagne et des travaux des champs, et les combles le musée de la préhistoire. La bibliothèque est déplacée en 1995 et le musée ferme en 1998. L'ouverture du nouveau musée du Vin de Champagne et d'Archéologie régionale, prévue pour l'automne 2020, est finalement reportée et se déroule le 29 mai 2021 en raison de la crise du COVID. Le château est une demeure entre cour et jardin composée d'un corps principal et de deux dépendances, reprenant la formule classique des hôtels particuliers parisiens du XVIIIe siècle. La propriété s'étend sur 57 mètres le long de l'avenue de Champagne et comprend une grille néo‑XVIIIe, deux pavillons sur rue et un bâtiment central. Sous les Perrier, le pavillon Est abritait les écuries puis les réserves du musée, tandis que le pavillon Ouest conduisait aux caves et était occupé par le concierge et le magasin d'expédition avant de devenir des réserves. Le château comporte quatre-vingt-seize pièces pour une surface de 4 200 mètres carrés. L'édifice illustre l'éclectisme en mêlant plusieurs styles et s'inscrit principalement dans un néo‑Louis XIII qui se manifeste par la polychromie des façades, l'alternance de brique et de pierre blanche et les hautes toitures en ardoise. Les références à la Renaissance italienne sont visibles dans le bossage et la richesse des décors sculptés, et chacune des quatre façades présente un traitement stylistique différent tout en restant unifiée par la polychromie, le bossage et la balustrade. L'étage est traité en brique avec pilastres et encadrements de baies en pierre de taille, et deux grandes cheminées cylindriques mêlent brique et pierre en spirale dans la toiture. Les communs, organisés en deux bâtiments, associent remplissage en brique et soubassement, colonnes et encadrements de baies en pierre calcaire. À l'intérieur, le rez-de-chaussée reçoit les pièces de réception, l'étage la vie privée, l'entresol les logements du personnel et les combles restent vides du vivant des Perrier. Michel-Victor Cruchet est chargé de l'ornementation intérieure et, depuis son atelier parisien, envoie en 1856 les ornements du château au cours de vingt voyages pour un total de 5 614 kg de sculptures. Dès le hall d'entrée se retrouvent des références à l'Antiquité et à la Renaissance, avec des copies de statues telles que l'Artémis de Gabies, une mosaïque à rinceaux végétaux, des pilastres et des rinceaux sculptés. Le grand salon, espace de réception, est éclairé par trois larges fenêtres courbes donnant sur le jardin et la Montagne de Reims; son sol est une marqueterie de quatre essences et son décor évoque le goût du XVIIe‑début XVIIIe siècle. Le château est doté d'aménagements de confort, dont le chauffage et un ascenseur installé en 1877, figurant parmi les premiers ascenseurs privés en France. Au XIXe siècle, le château sert aussi de lieu de stockage et d'élaboration du champagne. Le jardin, qui s'étendait jusque sur la voie ferrée à l'origine, comportait une roseraie, plusieurs serres (dont deux chaudes, une tempérée et une froide), une orangerie, une grotte en rocaille, un kiosque, un ruisseau artificiel et de nombreuses plantes exotiques comme des ananas, des orchidées tropicales, des palmiers, des camélias, des caféiers et des cocotiers. Le jardin reçoit des récompenses en 1848 et 1851 et sa superficie actuelle est de 7 500 m2. Le musée d'Épernay est créé en 1893 à la suite d'une importante donation d'objets d'art et de trouvailles archéologiques; il est transféré au château après la décision de la Ville en 1950 et, en 1960, Georges-Henri Rivière est chargé de concevoir un musée d'ethnographie viticole de la Champagne.
