Origine et histoire
La maison de campagne de Monseigneur de la Tour-d'Auvergne occupe l'emplacement des anciens remparts d'un oppidum gaulois et fait partie de la propriété des Dames d'Étrun. L'abbaye des Dames d'Étrun, dédiée à Notre-Dame et soumise à la règle bénédictine, voit sa fondation attribuée par certaines sources à la princesse Béatrix vers 800, tandis que d'autres la situent en 1085. Édifiée sur un ancien oppidum, l'abbaye a donné naissance à des toponymes tels que Strumen, Estreu, Estrum et Parthenon Strumensis. Elle fut ruinée par les Normands puis rétablie par Gérard II, évêque de Cambrai (1076-1092). En 1086, Fulçende — fille du duc de Bourgogne — devint abbesse; elle mourut le 5 août 1126 et, avec vingt et une femmes de vieille noblesse, dota la maison. Lambert, évêque d'Arras, obtint la confirmation des privilèges de l'abbaye par le pape Pascal II. Les religieuses n'étaient pas cloîtrées et prononçaient des vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. En 1172, les revenus de l'abbaye s'élevaient à 22 000 livres. Le lieu était également réputé pour ses sources d'eau chaude, qui se perdaient dans la Scarpe. La propriété, qui comprend une partie de l'oppidum gaulois, conserve des vestiges de l'ancienne abbaye des Dames et a été inscrite au titre des monuments historiques par les arrêtés des 29 novembre 1985 et 26 février 1993. Une succession d'abbesses est documentée, la liste complète figurant notamment dans l'ouvrage de Nicolas Viton de Saint-Allais et dans Gallia Christiana ; elle débute avec Fulgende de Bourgogne (1086-1126) et s'étend jusqu'à Marie XI Henriette-Constance de Beauffort de Lassus (1789-1790). Pour approfondir, on peut consulter B. Lesueur de Moriamé, Histoire d'Étrun : l'abbaye, la commune (Arras, 1899), disponible en texte intégral sur LillOnum.