Origine et histoire
Ancienne manufacture des Rames
La manufacture de draps fins dite des Rames a été créée en 1665 par le Hollandais Joost van Robais, à l'initiative de Colbert qui l'avait fait venir des Pays-Bas et lui accordé des aides pour s'installer. Les textes autorisant la création permettaient d'employer quarante à cinquante ouvriers et autorisaient la pratique de la religion protestante au sein de l'établissement. Les bâtiments actuels, érigés entre 1709 et 1713 par le fils de Van Robais, regroupent un logement central, des ateliers, des dépendances, un colombier et un portail dont le décor est attribué à Pfaffenhofen. Le portail, de style Louis XVI, présente une imposte ornée évoquant le commerce maritime et la Conquête de la Toison d'Or. La manufacture, devenue royale, a connu son apogée au début du XVIIIe siècle et a fait l'objet de diverses transformations et changements de raison sociale, notamment Van Robais Amelin et Cie à la fin du XVIIIe siècle. Après des difficultés financières liées à la Révolution, la société est dissoute en an XI ; l'établissement est racheté en 1804 par Michel Grandin, puis acquis ultérieurement par d'autres industriels. La concurrence liée au traité de 1860 affaiblit l'activité et la production de draps cesse définitivement en 1867. Vers cette époque, Janin Vayson reprend l'affaire et transforme l'usine en filature de laine et en usine de sparterie, modifiant le bâtiment central. L'ensemble a ensuite servi d'activités diverses : comptoir de l'industrie linière, dépôt d'approvisionnement, puis occupation par une manufacture de tapis et moquettes qui cessa en 1912 à la suite du décès de son dernier propriétaire. La partie orientale des bâtiments a été convertie en coopérative agricole avec des extensions après 1950, les dépendances occidentales ont été loties en 1983, et l'ensemble a finalement été acquis par la ville et aménagé en logements. On relève des évolutions importantes des équipements et de la production : en 1669 on dénombre trente métiers à draps, au XVIIIe siècle environ cent métiers, vers 1827 apparaît la mécanisation, en 1849 la production atteint 70 000 à 75 000 mètres de draps, et en 1850 l'usine dispose d'une machine à vapeur, de 80 métiers, de 75 machines et d'un moulin à eau. Les effectifs varient selon les périodes : main-d'œuvre hollandaise au début, épisodes de sédition en 1716, et en 1850 environ 200 hommes, 150 femmes et 150 enfants parmi les salariés ; en 1870 on dénombre 26 ouvriers, dont six de moins de seize ans. Selon certaines estimations citées par la littérature, la manufacture comptait à son apogée plusieurs milliers de travailleurs, tant sur site qu'à domicile. L'ensemble conserve des éléments notables du complexe industriel : le corps d'habitation côté cour, les ateliers liés à la machine à vapeur, la teinturerie, la basse-cour et le pigeonnier.