Origine et histoire
La gare d'Abbeville est une gare ferroviaire située à environ 800 mètres du centre-ville d'Abbeville, sous-préfecture de la Somme en Hauts-de-France. Elle a été ouverte comme station provisoire le 15 mars 1847 par la Compagnie du chemin de fer d'Amiens à Boulogne, installée au plus près de la ville pour des raisons militaires et réalisée avec des bâtiments en charpente démontables. La gare est devenue propriété de la Compagnie des chemins de fer du Nord en 1851 et une gare définitive a été édifiée à partir de 1855 ; le bâtiment voyageurs actuel a été inauguré en 1862. Le bâtiment, de style régional balnéaire à ossature bois et parement en briques rouges, répondait aux exigences militaires de l'époque et a été inscrit au titre des monuments historiques le 28 décembre 1984 ; Jean‑Marie Duthilleul l'a considéré comme la dernière gare en bois construite en France jusqu'à Meuse TGV. Il a été modifié et agrandi en 1912 avec une avancée de façade, tandis que l'un des pavillons symétriques a été démoli ultérieurement. Jusqu'aux années 1940–1950, Abbeville a constitué un important nœud ferroviaire local comportant jusqu'à quatre branches principales et une branche secondaire. Établie au point kilométrique 175,407 de la ligne de Longueau à Boulogne-Ville, elle se situe entre les gares ouvertes de Pont-Remy et de Noyelles-sur-Mer, la gare de Port‑le‑Grand étant fermée. C'est une gare de bifurcation : elle est l'origine de la ligne d'Abbeville à Eu, aujourd'hui non exploitée, et l'aboutissement de la ligne de Fives à Abbeville, déclassée entre Saint‑Pol‑sur‑Ternoise et Abbeville, les gares voisines immédiates ayant été fermées. Sur la ligne d'Abbeville à Eu existaient deux raccordements directs vers la ligne de Longueau à Boulogne-Ville et une liaison ouest via la voie d'évitement de la gare. La gare fut aussi l'origine de la ligne métrique Abbeville–Dompierre, aujourd'hui totalement déclassée et déferrée, et disposait d'un dépôt annexe et d'un triage créés pendant la Première Guerre mondiale, Abbeville jouant à la fin du conflit un rôle de gare régulatrice. L'inauguration du monument La Barre en 1907 a entraîné une affluence exceptionnelle de voyageurs, et pendant la Première Guerre mondiale un cheminot local a caché la plaque de bronze du monument pour empêcher qu'elle soit fondue. Le 28 juillet 1927, un accident au sémaphore de Menchecourt a provoqué dix blessés et un décès survenu par la suite parmi les victimes. La Compagnie du Nord a produit en 1930 des affiches promouvant Abbeville, et la gare a été intégrée au réseau de la SNCF en 1938. La gare n'a pas subi de dommages importants lors des deux guerres mondiales malgré des bombardements et des incidents locaux, et un train de DCA y a été stationné sous l'Occupation. Dans les années 1970, le trafic marchandises atteignait environ 82 000 tonnes par an et une première rénovation du bâtiment voyageurs a eu lieu en 1993. En avril 2001, des inondations ont rendu la gare inutilisable pendant plusieurs semaines ; le bâtiment a été fermé puis rouvert fin mai après remise en état des installations, et le Buffet de la Gare, longtemps abandonné, a été racheté en novembre 2015 et reconverti en boutique de mariage. La gare a obtenu le second prix spécial des Gares du Conseil national des villes et villages fleuris en 2006 ; sa fréquentation a dépassé 2 000 voyageurs par jour en 2007, été estimée à 2 859 voyageurs par jour en 2009, puis à environ 3 200 voyageurs par jour en 2013, année où s'est achevé un chantier de ravalement et de modernisation intérieure chiffré à 1,1 million d'euros et inauguré en présence du président du conseil régional. Le développement de l'offre ferroviaire porté par la région a entraîné l'acquisition de nouveau matériel TER, la rénovation complète des quais, la modernisation de la signalisation et la mise en service d'un nouveau poste d'aiguillage remplaçant les anciens postes ; la passerelle équipée d'ascenseurs a été réalisée ultérieurement. Le clocheton a été déposé en juillet 2018 pour raisons de sécurité, sa restauration bloquée en 2021 par des contraintes administratives avant d'être réalisée à partir de décembre 2022 pour un montant de 180 000 euros et reposée entre avril et juin 2024 ; la marquise protégeant le quai est actuellement étayée en attente de travaux. L'ancienne halle Sernam, fermée en 1998, a été transformée en bâtiment tertiaire nommé Garopôle et abrite depuis début 2015 le siège de la communauté de communes, devenue communauté d'agglomération en 2017. En 2018, la gare d'Abbeville a reçu le prix de la plus belle gare décerné par le magazine Ville, Rail & Transports. La gare est exploitée par la SNCF et dispose d'un bâtiment voyageurs ouvert tous les jours, d'un guichet, d'automatismes de vente et d'équipements pour les personnes à mobilité réduite. Elle comporte cinq voies à quai, plusieurs voies de service et trois quais dont les longueurs utiles varient selon les voies ; la vitesse limite sur les voies principales est de 140 km/h et de 30 km/h sur les voies utilisées comme terminus ou de service. La circulation est gérée par un poste d'aiguillage unique de type PIPC, nommé Poste 2, couvrant l'ensemble des voies de la gare, une portion de la ligne de Longueau à Boulogne-Ville et l'intégralité de la ligne d'Abbeville à Eu, dont le trafic reste suspendu. La desserte voyageurs est assurée par des trains TER Hauts‑de‑France sur les relations Paris–Calais, Amiens–Calais, Abbeville–Amiens ou Albert et une liaison saisonnière Laon–Calais. Liaisons et équipements d'intermodalité incluent un abri sécurisé pour 40 vélos, un parc à vélos, un parking avec projet d'ombrières photovoltaïques, une zone de dépose-minute, la desserte par les lignes urbaines BAAG (L1, L2, L5, L6, L7) et le transport à la demande, ainsi que de nombreuses lignes d'autocars Trans'80 desservant la place de la Gare, la ligne 732 assurant une substitution routière vers Le Tréport. La gare reste ouverte au service fret et infrastructure et a servi en février 2016 au transbordement exceptionnel d'un transformateur de 179 tonnes. Des scènes de fiction y ont été tournées, notamment en 2015 pour le téléfilm Le Vagabond de la baie de Somme et en 2023 pour le film L'Art d'être heureux.
