Canal du Midi à Saint-Nazaire-d'Aude dans l'Aude

Canal du Midi

  • 11120 Saint-Nazaire-d'Aude
Crédit photo : Dominique Repérant - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Période

2e moitié XVIIe siècle, 2e moitié XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Pont Neuf, situé sur la route départementale no 607 qui enjambe le canal (cad. non cadastré) : inscription par arrêté du 21 novembre 1997

Origine et histoire

Conçu par Pierre‑Paul Riquet et présenté à Colbert en 1662, le canal du Midi, alors appelé canal royal de Languedoc, a été réalisé sous le règne de Louis XIV. Les travaux commencent en 1667 et la première mise en eau entre Toulouse et le seuil de Naurouze permet la navigation dès 1672 ; l’ouvrage est définitivement achevé à la fin de 1682, Riquet étant décédé en cours de chantier. Canal à bief de partage, il relie Toulouse à la mer Méditerranée et, depuis la mise en service du canal latéral à la Garonne, fait partie de la liaison fluviale dite « canal des Deux‑Mers » entre Atlantique et Méditerranée. Le bien inscrit au patrimoine mondial comprend principalement le tronçon Toulouse–Marseillan long de 241 km, une branche vers Port‑la‑Nouvelle, les rigoles d’alimentation, le canal de Brienne et la courte liaison vers Agde. Le seuil de Naurouze constitue le point le plus élevé du parcours et le système hydraulique conçu par Riquet récupère les eaux de la montagne Noire pour alimenter les deux versants du canal. Pour stocker et réguler cette eau, Riquet prévoit plusieurs retenues et rigoles ; la rigole de la plaine, réalisée en essai, démontra la faisabilité d’amener l’eau jusqu’au point haut du canal. Le grand réservoir de Saint‑Ferréol et d’autres aménagements forment le cœur de ce dispositif, ensuite renforcé par Vauban et ses ingénieurs. Le tracé et certaines techniques de Riquet restent empiriques ; il compense son absence de formation par des mesures, des expérimentations et l’appui de techniciens tels qu’Andréossy, Boutheroue et Campmas. Le chantier mobilise une main‑d’œuvre importante organisée en ateliers, sans recours à la corvée, et emploie jusqu’à douze mille ouvriers, maçons, forgerons, charretiers et autres spécialistes. Parmi les ouvrages remarquables se retrouvent le tunnel de Malpas, l’escalier de huit sas de Fonseranes, l’écluse ronde d’Agde et de nombreux ponts‑canaux et aqueducs. Conçu pour le transport de marchandises et de passagers, le canal favorise le commerce du blé, du vin et d’autres produits du Languedoc, puis connaît son apogée au XIXe siècle avant de décliner face à la concurrence du chemin de fer et de la route. La navigation commerciale s’efface progressivement au XXe siècle et, depuis la fin du siècle dernier, le canal est surtout dédié au tourisme fluvial, aux loisirs et à des activités culturelles. Le canal assure par ailleurs des fonctions d’irrigation et d’alimentation en eau potable grâce à son réseau de barrages, prises et stations de traitement. Sur le plan juridique, la propriété et l’exploitation furent initialement concédées à Riquet et à ses descendants ; l’État devient propriétaire à la fin du XIXe siècle et confie la gestion à Voies navigables de France, aujourd’hui responsable de l’entretien. Le site, l’un des plus anciens canaux européens encore en service, a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996 avec son système d’alimentation et une zone tampon étendue. La gouvernance du bien s’est structurée au début du XXIe siècle avec des instances partenariales et un plan de gestion approuvé pour encadrer la conservation et les actions à mener. L’entretien reste un enjeu constant, en particulier face à l’ensablement, aux végétaux aquatiques et aux aléas climatiques, tandis que la gestion des alignements d’arbres doit répondre à la maladie du platane et à sa substitution par d’autres essences adaptées. Aujourd’hui, le canal du Midi demeure une réalisation hydraulique et paysagère majeure, à la fois témoignage d’une prouesse technique du XVIIe siècle et infrastructure vivante au service des territoires traversés.

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