Origine et histoire
Le funiculaire d’Évian-les-Bains, surnommé le « petit métro évianais », relie le centre-ville d’Évian à la commune de Neuvecelle et se distingue par ses six stations, nombre unique pour un funiculaire en France. Le projet de liaison entre le bas de la station d’Évian et Neuvecelle remonte au début du XXe siècle ; la concession a été accordée à la Compagnie Foncière d’Évian (1912 est donnée comme date dans un passage, un autre document indique le 16 avril 1913). La construction par la Société Van Roll est mentionnée pour 1914 et la mise en service pour 1915, tandis qu’une autre source signale une mise en service dès 1913. Les voies, dont une mention indique 750 mètres avec des éléments signés Burbach (1907), desservaient six petites stations nommées Gare Inférieure, Source Cachat, Splendid Hôtel, Hôtel Royal, Mateirons et Gare Supérieure, cette dernière conservant la machinerie de traction d’origine. La ligne a connu une fréquentation croissante jusqu’en 1938, puis un déclin après la Seconde Guerre mondiale lié à la baisse du thermalisme et à la fermeture des hôtels ; la circulation a cessé à l’issue de la saison 1969 et le funiculaire est resté désaffecté pendant trente-trois ans. Deux voitures construites par Von Roll ont été classées au titre des objets des monuments historiques par arrêté du 30 novembre 1983, et la ligne, ses six stations, les voies et la machinerie de la gare supérieure ont fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 28 décembre 1984. La station supérieure en bois, de style « chalet », a été endommagée par un incendie en 1991. En 1995 la municipalité décida de restaurer le funiculaire « à l’identique » ; en 1996 la ville, avec le département et la DRAC, racheta l’équipement pour un franc symbolique afin d’en assurer la restauration. Les travaux de génie civil ont porté notamment sur le renforcement du tunnel sous le centre-ville, la reprise des murs de soutènement et l’assainissement du terminus aval inondé ; le matériel roulant a été remis en état et modernisé tout en conservant son aspect d’origine et la machinerie d’exploitation a été remplacée. Les essais eurent lieu entre mars et mai 2002 et la ligne fut rouverte le 21 juin 2002. Depuis la réouverture la circulation est gratuite et se déroule en saison ; la desserte est aujourd’hui assurée sur la période touristique, avec des horaires et des conditions d’exploitation précis. La ligne alterne sections aériennes et souterraines, construite dans le lit canalisé du ruisseau du Nant d’Enfer ; l’écartement de voie est métrique (1 000 mm) et la ligne comporte un évitement de type Abt long de 75,16 m. La longueur de la ligne est indiquée de façon distincte dans les sources (750 m dans un passage, 771 m ailleurs) ; le dossier mentionne un dénivelé de 125,31 m, une pente moyenne de 16,48 % et une pente maximale de 22 %. La vitesse d’exploitation est de deux mètres par seconde et le temps de parcours varie de sept à quinze minutes selon le nombre d’arrêts effectués et la charge transportée. Le matériel roulant, daté de 1913 (les châssis pouvant provenir de 1907 et avoir été rallongés), comprend deux cabines numérotées 1 et 2 et deux wagonnets attelés côté amont pour le transport de vélos ou de marchandises ; chaque cabine, longue de 8,5 m, possède une caisse en bois peinte en blanc et vert, divisée en cinq compartiments en escalier, et peut accueillir 60 personnes dont 40 assises sur des bancs en bois. Un cabinier est présent dans chaque caisse pour la manœuvre et le verrouillage manuel des portes ; la cabine n°1, qui avait été inondée pendant l’abandon, a été intégralement reconstruite, tandis que la n°2 a conservé sa caisse d’origine. Les systèmes électriques des voitures sont alimentés par une batterie rechargée aux arrêts par deux patins venant toucher un rail alimenté, dispositif qui a remplacé la ligne aérienne de contact dont subsistent les mâts, eux aussi classés. La machinerie et le poste de conduite sont installés en gare amont à Neuvecelle : la machinerie Louis de Roll de 1912 est toujours en place mais n’est plus utilisée depuis la rénovation, remplacée par une machinerie moderne Skirail tout en conservant la poulie d’origine.
