Saumoduc à Port-Lesney dans le Jura

Saumoduc

  • 39600 Port-Lesney
Saumoduc
Saumoduc
Saumoduc
Saumoduc
Crédit photo : Sacamol - Sous licence Creative Commons

Patrimoine classé

Voir commune de : Salins-les-Bains (39)

Origine et histoire

Le saumoduc de Salins‑les‑Bains à Arc‑et‑Senans, construit à la fin du XVIIIe siècle, conduisait sur 21 kilomètres la saumure extraite à la saline de Salins‑les‑Bains vers la saline royale d'Arc‑et‑Senans qui ne disposait pas de source salée. Les deux salines figurent (1982 et 2009) sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et les vestiges maçonnés du saumoduc ont été inscrits aux monuments historiques le 29 décembre 2009. L'ouvrage partait du centre‑ville de Salins‑les‑Bains et suivait les cours de la Furieuse et de la Loue, passant notamment par Rennes‑sur‑Loue et Port‑Lesney avant d'atteindre Arc‑et‑Senans. La saline royale d'Arc‑et‑Senans (saline de Chaux) fut édifiée entre 1775 et 1779 à proximité de la forêt de Chaux pour pallier le manque de bois autour de Salins‑les‑Bains ; faute de source salée, on décida d'y conduire la saumure selon les plans du géomètre Denis François Dez. Claude‑Nicolas Ledoux écrivait qu'il était « plus facile de faire voyager l'eau salée que de voiturer une forêt en détail ». Un bâtiment de graduation, long de 500 mètres, fut construit près de la rivière pour concentrer la saumure et économiser le bois ; à sa sortie la saumure était stockée dans un réservoir de 900 m3. Le saumoduc comportait deux conduites enterrées pour prévenir le gel et le vol par les contrebandiers : à l'origine elles étaient en troncs de sapin creusés et emboîtables, l'une pour la « grande saline » et l'autre pour la « petite saline ». En raison des pertes sur le parcours, ces canalisations en sapin furent remplacées par des conduites en fonte à partir de 1788 ; la canalisation mesure environ 21 kilomètres entre la petite saline et le bâtiment de graduation de la Saline de Chaux et amenait la saumure entre 104 et 109 mètres plus bas. Chaque jour, 135 000 litres de saumure étaient envoyés depuis Salins. Les conduites en fonte ont été déposées durant la Première Guerre mondiale pour fournir du métal aux fabriques d'obus et le bâtiment de graduation a été déconstruit ; les vestiges de ce bâtiment sont par ailleurs protégés depuis 1991. Les vestiges maçonnés inscrits comprennent la cuvette de Monplaisir à Salins‑les‑Bains, petite pièce voûtée avec deux bouches d'arrivée à droite et deux bouches de départ à gauche ; la cuvette de Perrichon à Port‑Lesney, petit bâtiment tuilé sans éléments techniques apparents ; et le passage sous la route de Lyon à Rennes‑sur‑Loue, qui associe une partie d'origine à voûte plate et une partie dont la voûte a été refaite plus bombée. Pour sécuriser le tracé, six maisons de contrôle furent édifiées le long du parcours, formant le « chemin des gabelous » ; à chaque poste le débit et la teneur en sel étaient mesurés, relevés chaque samedi et portés à la saline. Les gabelous, douaniers chargés de la perception de la gabelle, devaient lutter contre les « faux‑sauniers » qui perçaient les canalisations pour récupérer de la saumure. En 2013, les communautés de communes concernées, avec l'expertise du réseau des musées des techniques et cultures comtoises, ont aménagé le sentier des Gabelous le long de l'ancien tracé ; le chemin comporte quinze panneaux d'information munis de QR codes.

Liens externes