Chapelle Foujita à Reims dans la Marne

Patrimoine classé Maison des hommes et des femmes célèbres Chapelle romane Eglise néo-romane

Chapelle Foujita à Reims

  • Rue du Champ-de-Mars
  • 51100 Reims
Chapelle Foujita à Reims
Chapelle Foujita à Reims
Propriété de la commune

Période

3e quart XXe siècle

Patrimoine classé

Chapelle, y compris la porte de la sacristie ; croix en pierre sculptée située devant la chapelle (cad. BD 55) : inscription par arrêté du 8 juin 1992

Origine et histoire de la Chapelle Foujita

La chapelle Notre-Dame-de-la-Paix, surnommée « chapelle Foujita », a été voulue et entièrement décorée par le peintre d’origine japonaise Tsugouharu Foujita, converti au catholicisme en 1959 et baptisé Léonard. En 1964 il décide, avec l’appui de René Lalou, de construire une chapelle à Reims ; Lalou achète à titre personnel le terrain près de la maison Cordon Rouge, rue du Champ-de-Mars, pour permettre la réalisation du projet. L’édifice, dessiné dans un style néo-roman après qu’un projet trop moderne ait été écarté, est confié à l’architecte Maurice Clauzier, familier de la ville. Construit en 1966, le chantier est achevé la même année ; la chapelle est bénie le 1er octobre puis remise solennellement à la ville de Reims le 18 octobre.

Foujita conçoit la décoration dans son intégralité : dessins et maquettes des vitraux et des sculptures, et fresques peintes directement « a fresco » par lui-même, en préparant ses pigments. La technique de la fresque impose de terminer chaque composition le jour même ; l’artiste, âgé de 80 ans durant ce chantier, exécute les scènes de l’Histoire sainte, principalement des épisodes de la vie du Christ. Les vitraux, peints d’après ses dessins, sont réalisés par le maître-verrier Charles Marq et reprennent des motifs de la vie en Champagne et des paysages de la campagne.

L’intérieur présente une suite de compositions organisées le long de la nef et dans les chapelles : on trouve notamment Le Lavement des pieds, La Nativité, Le Portement de Croix, La Cène dans la chapelle de la communion, La Résurrection et une grande Crucifixion au revers de la façade. L’abside est consacrée à Notre-Dame-de-la-Paix ; au-dessus du maître-autel apparaît Dieu le Père entouré du tétramorphe, tandis que certains vitraux évoquent des créatures fantastiques. D’autres panneaux et portes sculptées, dont la porte de la sacristie composée de seize petits panneaux inspirés des enluminures médiévales, représentent des figures bibliques comme Moïse et des épisodes remarquables. Parmi les personnages figurés près de la Crucifixion apparaissent le donateur René Lalou, l’architecte Maurice Clauzier et Foujita lui‑même.

Le texte rappelle aussi le contexte plus large du renouveau de l’art sacré au XXe siècle, en mentionnant l’action du père Couturier et la participation d’artistes célèbres à des chantiers religieux, ainsi que d’importantes réalisations contemporaines de Matisse, Le Corbusier et Jean Cocteau. Classée à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 8 juin 1992, la chapelle a accueilli 10 546 visiteurs en 2019.

Entourée de végétation et d’allure modeste, l’architecture extérieure évoque les églises de campagne ; un calvaire présentant un Christ enfant se dresse devant l’entrée. La porte cloutée est flanquée d’un agneau pascal et de poissons entrelacés, et deux croix, grecque et romaine, symbolisent l’union de l’Orient et de l’Occident. Le clocher, surmonté d’une girouette en forme de coq, abrite deux cloches en bronze nommées Marthe et François.

Foujita meurt à Zurich le 29 janvier 1968 ; ses obsèques ont lieu à la cathédrale de Reims et il est d’abord inhumé dans sa petite chapelle. En 1971 sa veuve Kimiyo fait transférer le corps là où elle réside à Villiers‑le‑Bâcle, puis en 2002 elle décide de respecter la volonté de son mari et le corps est exhumé pour rejoindre Notre‑Dame‑de‑la‑Paix le 3 octobre 2003. Kimiyo décède à Tokyo le 6 octobre 2009 et ses cendres sont transférées auprès de Foujita le 25 avril de la même année.

Liens externes