Origine et histoire des halles centrales
Les Halles centrales, dites halles du Boulingrin, abritent un marché couvert en limite nord du centre-ville de Reims. Elles occupent un îlot délimité par les rues du Boulingrin, du Temple, de Mars et Olivier-Métra, près de la porte Mars. Le bâtiment repose sur une base rectangulaire de 49 m sur 109 m ; ses murs de béton, d'une épaisseur de 7 cm, se rejoignent en leur centre pour former une parabole qui surplombe les étals à 19,85 mètres de hauteur et offre une portée de 38,26 mètres soutenue par un vaste ensemble de murs porteurs extérieurs. Ces murs sont fondés sur 274 pieux de béton. L'accès se fait par deux larges portails situés à chaque extrémité longitudinale et par quatre portes latérales nommées d'après les rivières locales : la Suippe, la Marne, la Vesle et l'Aisne ; ces portes sont traitées en ciment poli vert d'eau, le Lap. Les portes sont reliées par paires par des baies vitrées qui coupent le vaisseau en trois parties, et toutes les baies sont habillées de panneaux de verre diffusant une lumière jaune. L'intérieur comporte une promenade haute desservie par un escalier central sur pilotis ; le tiers est de la halle est surélevé d'un mètre pour le marché de gros, l'ouest comprend des cellules en dur pour des commerçants permanents et le centre reste ouvert. Un an après l'ouverture, des fuites sont détectées ; en 1942 des morceaux de béton se détachent de la voûte et une expertise Freyssinet, en 1957, conclut à un vieillissement prématuré et à une condensation excessive sur l'intrados liée à un manque de ventilation, conduisant à la pose d'un grillage de protection en 1959.
Les Halles ont été conçues à la suite d'un concours d'architecture ouvert en 1922 dans le cadre du plan de reconstruction de Georges B. Ford pour remplacer l'ancien marché détruit pendant la Première Guerre mondiale, alors situé place du Forum. Le projet de l'architecte Émile Maigrot a été retenu par la municipalité le 4 mai 1923 ; la construction, réalisée par l'entreprise Claude Limousin dont le directeur technique était Eugène Freyssinet, s'est déroulée de 1927 à 1929 et a utilisé le procédé de « coffrage-décoffrage sur cintre glissant » adapté à la morphologie du bâtiment. L'ouverture a eu lieu le 30 octobre 1929. L'édifice, qui a résisté à la Seconde Guerre mondiale, a été désaffecté en 1988 pour raisons de sécurité et la municipalité envisageait sa démolition ; une importante mobilisation populaire et l'intervention du ministre de la Culture Jack Lang ont conduit à son classement au titre des Monuments historiques par décret du 9 janvier 1990.
À partir de 1991, des études ont été menées en vue de sa restauration. Plusieurs projets furent proposés, depuis la simple réinstallation du marché hebdomadaire jusqu'à une extension avec construction d'un parking en ouvrage, mais le projet porté par l'architecte en chef des Monuments historiques François Chatillon a été adopté fin juin 2007 et les études lancées en octobre 2007. Le nouveau maire Adeline Hazan a annoncé une ouverture prévue pour le 14 février 2012 ; le projet visait à restaurer l'aspect initial du bâtiment tout en le renforçant. Les travaux, d'un coût estimé à 31 millions d'euros, dont 8,3 millions financés par l'État et 0,3 million par la région Champagne-Ardenne, ont débuté en février 2010. La restauration a notamment réinstallé 2 150 pavés de verre pour un espace vitré de 900 m², et la fourniture des carrelages et des faïences a été confiée à la société Céramique du Beaujolais, qui les avait fabriqués à l'origine ; l'étanchéité a été refaite par l'extérieur en respectant l'aspect mat du ciment. Les nouvelles halles ont été inaugurées le 14 septembre 2012 dans le cadre des journées du patrimoine et le premier marché s'y est tenu le 21 septembre. La restauration a reçu le Prix du patrimoine culturel de l'Union européenne 2015, attribué par la Commission européenne et Europa Nostra.
Dans le cadre du réaménagement plus large du quartier, des fouilles préventives ont mis au jour la porte médiévale de Mars, figurée sur un plan de 1718, ainsi que des vestiges liés aux douves et au pont-levis. Aujourd'hui, les halles ont retrouvé leur usage de marché les mercredis, vendredis et samedis et accueillent également des activités culturelles, expositions et concerts. L'architecture des halles a par ailleurs inspiré celle du marché couvert de Villefranche-sur-Saône.