Origine et histoire de la Basilique Saint-Remi
La basilique Saint-Rémi de Reims, située dans la Marne, est une basilique mineure et une église paroissiale, la seconde église la plus importante de la ville après la cathédrale. Elle conserve les reliques de saint Remi, évêque de Reims qui a baptisé Clovis entre 496 et 506 (la tradition retient l'an 496) ; ce lieu de culte a rapidement attiré de nombreux pèlerins. La chapelle primitive dédiée à saint Christophe, où saint Remi souhaita être enterré, fut agrandie et devint le centre d’un culte dont la fête se tient le 1er octobre, jour du transfert du corps. Vers 760, l'abbé Tilpin fonda l'abbaye Saint-Remi et y installa une communauté bénédictine qui y demeura jusqu'à la Révolution française. L'abbatiale carolingienne, agrandie par Hincmar au IXe siècle, fut remplacée après l'an mil par une abbatiale romane amorcée sous Airard et poursuivie par l'abbé Thierry ; de cette phase subsistent notamment les onze travées de la nef avec tribunes et bas-côtés ainsi que le transept. L'abbatiale romane fut consacrée par le pape Léon IX en 1049 lors du Concile de Reims. Entre 1118 et 1151, l'abbé Odon fit décorer le sanctuaire et le chœur monastique, posant des pavements de mosaïques et des dalles funéraires qui soulignaient des sépultures importantes, dont la pierre de la reine Gerberge de Saxe ; des statues de Louis IV et de Lothaire encadraient autrefois le grand autel. À partir de 1162, des campagnes gothiques dirigées par Pierre de Celle et ses successeurs prolongèrent et voûtèrent la nef, créèrent une façade unissant les tours romanes et remplacèrent le chœur par un chœur gothique plus profond avec déambulatoire et chapelles rayonnantes, accompagnées de nombreux vitraux. Aux XVe–XVIe siècles et plus tard, des apports flamboyants et renaissants modifièrent l'abbatiale : le portail du bras sud, la colonnade Renaissance et d'autres aménagements témoignent de ces phases, tandis que la Congrégation de Saint-Maur entreprit des travaux au XVIIe siècle. Un incendie ravagea une partie de l'abbaye dans la nuit du 15 au 16 janvier 1774 ; l'architecte Louis Duroché remania ensuite la cour, l'escalier et la façade. La Révolution profana l'édifice, fit disparaître des éléments de mobilier comme la Sainte Ampoule et entraîna l'expulsion des moines ; après la Révolution, l'abbatiale devint une église paroissiale pour le sud de Reims. Le XIXe siècle connut des reconstructions, notamment de la tour nord et du haut de la façade à partir de la rose, ainsi que la réfection des voûtes de la nef et la réalisation d'un nouveau mausolée. La basilique fut élevée au rang de basilique mineure le 17 juin 1870 et la châsse de saint Remi en bronze doré fut réalisée à l'occasion du XIVe centenaire du baptême de Clovis en 1896 ; la « couronne de lumière » symbolique fut également refaite. Le 1er août 1918, des bombardements causèrent l'effondrement du toit et des fausses voûtes, de graves pertes matérielles et des dégâts qui s'aggravèrent avec l'hiver et les intempéries jusqu'en 1920. La basilique et l'abbaye attenante, qui abrite aujourd'hui le musée Saint-Remi, ont été inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1991 ; l'abbaye est classée monument historique depuis 1840. L'édifice adopte un plan de basilique : la nef et les transepts, d'origine romane, sont les parties les plus anciennes, tandis que le chœur et l'abside datent des XIIe–XIIIe siècles ; la façade du transept sud est la plus récente. La longueur extérieure est de 126 mètres et la largeur extérieure de 58 mètres. De précieux éléments subsistent, notamment des vitraux du XIIe siècle dans l'abside et des tapisseries offertes par Robert de Lenoncourt exposées au musée ; le tombeau de saint Remi est une reconstitution du XIXe siècle. La basilique a accueilli pendant son histoire de nombreuses sépultures royales, ecclésiastiques et abbatiales : y reposent entre autres Carloman Ier, Louis IV d'Outremer, Lothaire, Gerberge de Saxe, ainsi que de nombreux archevêques et abbés. Une plaque dans la nef collatérale sud rappelle que Charles III le Simple, Robert Ier et Lothaire y furent sacrés rois des Francs. L'orgue actuel, réalisé en 2000 par Bertrand Cattiaux et intégré dans le bas-côté sud, compte 43 jeux répartis sur trois claviers et des pédales ; il succède à plusieurs instruments antérieurs, dont un grand orgue Brisset de 1898 détruit en 1918. La basilique accueille des manifestations culturelles régulières — concerts d'orgue, Flâneries musicales, son et lumière et des spectacles des Rencontres baroques — et reçoit des visiteurs nombreux, avec 80 000 visiteurs recensés en 1999 ; elle a célébré son millénaire en 2007. Parmi les visiteurs célèbres figurent le peintre Tsuguharu Fujita, qui y connut une expérience spirituelle, et le pape Jean-Paul II, venu en 1996 pour le 1500e anniversaire du baptême de Clovis. Dans la région de Reims, la prononciation locale du nom saint Rémi, souvent rendu R'mi, reste en usage.