Ancien prieuré de Longpré à Haramont dans l'Aisne

Ancien prieuré de Longpré

  • 02600 Haramont
Crédit photo : Auteur inconnuUnknown author - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Les quatre ailes de l'enclos des religieuses ; vestiges de l'église sols archéologiques de l'église et du cloître ; façades et toitures du logis prioral ; portail daté 1712 ; vestiges du moulin ; murs d'enceinte et de soutènement (cad. B 68 à 72, 75, 76, 78, 80 à 87) : inscription par arrêté du 1er février 1995

Origine et histoire

Le prieuré de Longpré est une dépendance de l'ordre de Fontevraud, implantée sur le territoire d'Haramont, dans l'Aisne. Il a des origines au XIIe siècle et serait bâti vers 1180 sur les ruines d'un petit monastère du IXe siècle, fondation liée à Aliénor de Vermandois qui en dota les terres et obtint son implantation. Le domaine comprenait des rentes de moulins et des fermes sur Haramont et Largny, pour environ trente-cinq hectares, et l'entrée en religion de filles de la noblesse locale contribua à accroître ses biens. L'ordre de Fontevraud, mixte et de règle bénédictine, était dirigé par une abbesse; à Longpré la prieure était élue tous les trois ans et, plus tard, un aumônier cumula les fonctions de procureur et d'intendant. Le prieuré accueillit d'abord des religieux puis, à partir du XIVe siècle, uniquement des religieuses.

Longpré souffrit des guerres et des pillages, notamment par Anglais et Bourguignons. En 1590, il reçut les reliques de sainte Léocade, devenant un lieu de pèlerinage régional; ces reliques furent remises, à la Révolution, à l'église d'Haramont. Un incendie en 1622 détruisit en partie le cloître, le réfectoire et les dortoirs et endommagea l'église; un orage violent en 1624 provoqua des torrents de boue et de nouveaux dommages. Les moniales entreprirent des réparations et des transformations : le sol du réfectoire fut surélevé pour créer des caves voûtées, les fenêtres du rez-de-chaussée furent élargies, le cloître partiellement détruit fut supprimé et ses arcades réinstallées dans l'aile ouest utilisée comme grange, et un nouveau logis fut édifié au nord sur les ruines d'une ancienne chapelle pour accueillir un aumônier. En 1639, l'évêque de Soissons présida la reprise de la vie monastique.

Au début du XVIIIe siècle, le décor intérieur de l'église fut refait et, en 1712, un portail fut construit près du logis du prieur, la clé d'arc portant la date. Le prieuré fut déclaré bien national et vendu à la Révolution ; acquis par un fermier en 1791, il fut transformé en exploitation agricole : l'église fut démantelée pour vendre ses pierres, la salle capitulaire devint étable et le dortoir servit de grange, tandis que les logements des religieuses abritèrent des familles de fermiers. Aux XIXe et XXe siècles, des aménagements agricoles modifièrent l'aile ouest et une partie de l'aile sud, une maisonnette fut bâtie après 1835 à l'extérieur de l'enclos, et l'aile nord est datée du XXe siècle. Un incendie survenu après la Seconde Guerre mondiale a accéléré la ruine du site; un incendie précis est signalé en 1946 qui endommagea fortement la toiture et des installations.

De 1946 à 1994 le prieuré demeura en l'état, hormis le déblaiement du chœur de l'église qui fit apparaître des vestiges intérieurs; à partir de 1994 des travaux de restauration sont entrepris et le site a été complété par des jardins d'inspiration médiévale. Les étangs, créés à l'origine pour l'élevage de poissons et alimentés par une conduite dérivée du cours d'eau, ont été remis en état et les prés environnants ont retrouvé leur vocation; le monument a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1995. Le logis du prieur sert aujourd'hui d'habitation. Le prieuré occupait et occupe toujours un site en vallée, traversé par un cours d'eau alimentant des étangs entourés de pâtures et bordés de forêt. Les jardins, d'inspiration médiévale, sont structués par des buis et des ifs et plantés de rosiers, de vivaces, de plantes aromatiques et médicinales, d'arbres fruitiers et de plantes grimpantes.

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