Origine et histoire de l'Église Saint-Alpin
L'église Saint-Alpin de Châlons-en-Champagne, dédiée à Saint Alpin, huitième évêque de Châlons, se dresse sur l'emplacement d'une ancienne chapelle consacrée à Saint-André et fait face à la basilique Notre-Dame et à la cathédrale, entre la place Foch et la place de la République. La construction de l'édifice actuel a commencé entre 1160 et 1170 et s'est poursuivie jusqu'au XVIe siècle ; un premier lieu de culte est attesté dès le IXe siècle. Vers 1200 la nef et les bas-côtés, antérieurement à charpente apparente, furent voûtés en ogive. Du premier édifice roman subsistent la travée centrale de la façade occidentale, la nef, les grandes arcades et la quasi-totalité des bas-côtés nord et sud. Au dernier quart du XVe siècle le chevet fut reconstruit et la tour du clocher élevée, et le transept prend un caractère de Renaissance. Dans la première moitié du XVIe siècle les bas-côtés furent agrandis, avec la création de deux petites chapelles dans le bas-côté nord ; entre 1522 et 1536 des chapelles furent construites dans le bas-côté sud, et la chapelle de la Vierge du bras sud fut achevée en 1554, date gravée à l'extérieur. La façade romane a vu le remaniement de ses pignons latéraux et l'ajout de deux portails latéraux à la même époque, l'un portant la date 1539. En 1791 l'église faillit être détruite, puis fit l'objet, aux XIXe et XXe siècles, de campagnes de restauration de la couverture, de la charpente et des maçonneries. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par la liste de 1862, inscription confirmée au Journal officiel du 18 avril 1914.
L'église présente une riche statuaire et un abondant décor sculpté : des gargouilles, deux figures de saints encadrant le portail occidental et, à l'intérieur, des statues dorées de saint André et de saint Alpin datées du XVIIIe siècle ; on y trouve également des représentations du Christ datant du XVIe siècle, dont un Christ aux liens et un Christ en croix. Le patrimoine pictural comprend notamment une toile de Nicolas Perseval représentant saint André pour l'autel qui lui est dédié, une Déposition de la Croix datée de 1415 attribuée à l'école française, un Portement de Croix du XVIIe siècle par Jan van den Hoecke et une peinture de Jean-Baptiste Liénard dans la chapelle Saint-Louis. Les vitraux du XVIe siècle ornent l'édifice : verrières illustrant la vision de l'empereur Auguste, le repas chez Simon et la charité de saint Nicolas, l'épisode de saint Alpin arrêtant Attila, la Vie de Marie datée de 1521 et la Vie de saint Jean-Baptiste de 1535, cette dernière restaurée par Max Lienard en 1853.
L'orgue de tribune actuel provient de l'abbaye des Bernardines de Sainte-Hoïlde du Val-d'Ornain, acquis auprès de Jean-Baptiste Salmon ; son buffet, construit par Nicolas Dupont en 1762, a reçu un couronnement central au XIXe siècle. L'instrument fut transformé en 1864 par Alexandre et Henry Jaquet, qui ajoutèrent des plate-faces, des panneaux, une nouvelle soufflerie et de nouveaux sommiers, et la partie instrumentale de Dupont ainsi que le buffet XVIIIe furent respectivement classés parmi les monuments historiques en 1978 et 1973. Un second orgue, disposé au nord du chœur, dispose d'un jeu avec clavier au niveau des stalles.
Parmi les éléments mobiliers et funéraires remarquables se trouvent de nombreuses dalles tombales — notamment celles de Jehan Callisson et de sa femme Colette de Rouvroy, de Jeannette La Sainure et de Marguerite Le Sayne, de Raoul de Moulinchat, de Jehan de Dommartin et de son épouse — ainsi qu'un ex-voto daté de 1529 et le tombeau de saint Alpin. Le mobilier comporte également le trône épiscopal, des banquettes et des chaises ; plusieurs de ces pièces sont documentées dans la base Palissy.