Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne de Mortagne-sur-Gironde, en Charente-Maritime, conserve des origines romanes encore lisibles malgré de nombreuses transformations. À l'origine, l'édifice présentait un plan en croix latine avec une nef unique et une absidiole sur chaque bras de transept. Des vestiges du XIIe siècle subsistent surtout dans des pans de murs du chevet et du transept ainsi que dans une série de chapiteaux historiés. Une intervention gothique, peut-être postérieure à la guerre de Cent Ans, a modifié le voûtement du bras sud du transept et les ouvertures. L'église a subi d'importants dommages pendant les Guerres de Religion : traces d'incendie au nord, mutilation des parties hautes du transept et reconstruction du sanctuaire avec un chevet plat. Le site a longtemps abrité un prieuré conventuel augustinien ; la présence de stalles non antérieures au XVIIIe siècle et l'attachement de treize chanoines réguliers en témoignent, de même que son autorité sur plusieurs paroisses alentour, telles que Cozes, Saint-Seurin-d'Uzet, Gémozac ou Champagnolles. Une importante campagne de travaux commencée en 1769 a marqué l'époque moderne de l'édifice. Au XIXe siècle, la construction d'un nouveau clocher-porche, destiné à servir d'amer pour la navigation sur la Gironde, est engagée ; le projet de l'architecte Gustave Alaux est retenu, la sculpture est confiée au statuaire Aristide Belloc et l'ouvrage est repris en 1870 par l'architecte Aimé Bonnet. Pour permettre ces travaux, l'ancienne façade a été démolie, la travée occidentale de la nef a été rallongée, l'abside est devenue plate et seule l'absidiole sud du transept a été conservée, laissant les éléments extérieurs anciens à l'état résiduel. L'église, sobre dans son expression, présente une nef unique de quatre travées éclairée par des baies en plein cintre ornées de vitraux de l'atelier Dagrant datant de 1889. À l'intérieur, la croisée du transept conserve des faisceaux de colonnes romanes et des chapiteaux sculptés qui rappellent l'édifice d'origine par des motifs d'animaux affrontés, de palmettes stylisées, de rinceaux et d'entrelacs. Dans le bras sud du transept, une moulure portée par des culots anthropomorphes et un chapiteau aplati décoré de trois visages avec départs de nervures témoignent des restaurations et de la surélévation du transept à la fin du Moyen Âge, attribuée aux XIVe ou XVe siècles. La voûte en anse de panier qui couvre la quasi-totalité de l'édifice repose sur des pilastres ; cette couverture en ciment armé date de la fin du XIXe siècle et remplace un ancien lambris. Des indices laissent supposer la présence d'une crypte sous le croisillon nord, et la tradition rapporte des inhumations de compagnons de Charlemagne. Plusieurs religieux et personnalités locales ont été enterrés sous les dalles de l'église selon une coutume ancienne. Le mobilier comprend notamment un retable de l'époque Louis XVIII, une chaire Louis XIII, un chemin de croix du XVIIIe siècle et une statuaire principalement du XIXe siècle. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 6 mars 1987. Dans la nuit du 20 au 21 septembre 2025, un pan de mur extérieur de l'église s'est effondré.