Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Thierry
L'abbaye de Saint-Thierry, aujourd'hui communauté féminine bénédictine du diocèse de Reims, est située dans le village de Saint-Thierry, dans la Marne. Elle fut fondée par Thierry du Mont d'Hor vers 500 et dédiée à saint Barthélemy. À l'origine établissement masculin, le monastère adopta la règle bénédictine vers 974 ; Adalbéron de Reims y fit transférer les reliques de Thierry, dont le culte prit progressivement le pas sur celui de Barthélemy. L'abbaye rejoignit la Congrégation de Saint-Maur en 1627-1628 et resta sous cette observance jusqu'à sa suppression. Le roi supprima l'abbaye le 2 avril 1695 pour compenser le préjudice subi par l'Église de Reims lors de la création de l'archidiocèse de Cambrai, mesure confirmée par une bulle d'Innocent XII du 13 septembre 1696. Après sa suppression, l'ensemble servit de résidence secondaire aux archevêques de Reims. En 1777 la communauté fut expulsée et l'abbaye entièrement rasée, la communauté étant relocalisée temporairement à Reims ; seule la salle capitulaire du XIIe siècle subsista. Bernard de Montfaucon inventoria les livres de l'abbaye dans sa Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova (Paris, 1739) ; près de cent cinquante de ces ouvrages ont été conservés, principalement à la Bibliothèque municipale de Reims, avec quelques exemplaires à la Bibliothèque vaticane et à la BnF. Après deux siècles d'interruption, la vie monastique reprit en 1968 lorsque les bénédictines de la congrégation de Vanves s'installèrent sur la colline de Saint-Thierry, relançant la tradition de prière, d'hospitalité et de travail. L'abbaye a connu une longue succession d'abbés et d'abbés commendataires : le fondateur saint Thierry et saint Théodulphe figurent parmi les premiers, les évêques de Reims se réservant le titre d'abbé jusqu'à l'introduction de la règle bénédictine, puis une série d'abbés se succédant du Xe au XVIe siècle, dont Guillaume de Saint-Thierry au XIIe siècle. Aux XVIe et XVIIe siècles apparaissent des abbés commendataires, notamment la famille de Bailly ; Paul de Bailly fut commendataire de 1613 à 1649 et le dernier abbé mentionné porte le nom de Guillaume Bailly. La salle capitulaire, classée, ainsi que des chapiteaux et d'autres vestiges témoignent encore de l'importance historique et architecturale du site.