Origine et histoire de la Collégiale Notre-Dame-en-Vaux
La collégiale Notre-Dame-en-Vaux, située à Châlons-en-Champagne (Marne), est un grand édifice gothique dont la construction s'étend du XIIe au XVe siècle et qui conserve des éléments romans dans ses parties les plus anciennes. L'église fut desservie par un collège de chanoines séculiers dès 1114, supprimé en 1791, et a été restaurée au XIXe siècle sous la direction d'intervenants tels que l'abbé Champenois, l'abbé Leroux et l'architecte Lassus, puis lors d'une deuxième campagne dirigée par Genuys. Un effondrement survenu en 1157 affecta l'édifice en cours de construction ; les niveaux inférieurs du transept et les tours du chevet ont été conservés, puis la nef, les collatéraux, les tours ouest et les portails futre reconstruits. Entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle furent édifiés le chœur, le déambulatoire, et la surélévation du transept permettant d'achever la nef. Aux limites des XIIIe et XIVe siècles, on établit quatre flèches sur les tours du chevet et de la façade ouest, puis un porche sud fut ajouté en 1469 et les baies des collatéraux furent agrandies vers 1525. La Révolution entraîna la destruction de la plupart des flèches pour récupérer le plomb, le martèlement du portail sud et la perte d'une grande partie du mobilier ; l'édifice fut encore transformé en écurie et bivouac en 1814. Au XIXe siècle la collégiale reçut un carillon de 56 cloches offert par Mgr de Prilly et fit l'objet de restaurations importantes confiées notamment à Lassus. Le cloître, d'origine du XIIe siècle, fut démoli à partir de 1759, redécouvert au cours de la seconde moitié du XXe siècle et son site, avec près de cinquante statues-colonnes retrouvées, est présenté dans le musée du cloître inauguré en 1978 ; la propriété de cet emplacement a été transférée à la commune le 1er juin 2007. L'édifice a été classé monument historique dès 1840 et figure parmi les édifices inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques.
Sur le plan architectural, la collégiale se caractérise par l'encadrement de quatre tours romanes — deux en façade et deux aux angles du transept — et par une abside à déambulatoire et chapelles rayonnantes soutenue par des arcs-boutants superposés. L'édifice, doté de tribunes et de triforium, conjugue proportions harmonieuses, lumière douce et vitraux de plusieurs périodes, dont des panneaux du XIIe siècle et des verrières flamboyantes du début du XVIe siècle attribuées en partie à Mathieu Bléville. Parmi les verrières des collatéraux figurent des cycles consacrés à la Passion, à la Vie de la Vierge et à la vie de saint Jacques, certaines portées par des donateurs identifiés dans les inscriptions. L'intérieur conserve de nombreuses pierres tombales et monuments funéraires, ainsi que des peintures et des éléments de mobilier liturgique.
La collégiale abritait autrefois une relique célèbre, dite du Saint-Nombril du Christ, détruite en 1707, tandis que le buffet d'orgue et la tribune sont inscrits à l'inventaire du patrimoine ; un orgue est attesté dès 1409 et l'instrument a connu de nombreuses transformations et restaurations aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, puis des modifications au XXe siècle. Le cloître, par l'ampleur et la qualité de son décor sculpté — statues-colonnes et chapiteaux datés des années 1170-1180 —, constitue un ensemble remarquable dont les vestiges contribuent aujourd'hui à la compréhension de l'art monumental de la période.
