Origine et histoire
L'église Notre-Dame de l'Assomption, située dans le quartier de La Neuville à Corbie dans la Somme, est l'église paroissiale du secteur. Elle succède à un édifice antérieur dont seuls subsistent les fonts baptismaux. Les parties les plus anciennes de l'édifice actuel, notamment la tour-clocher, datent de la fin du XVe siècle, la construction s'étant poursuivie au début du XVIe siècle; un unique bas-côté nord a été ajouté au XVIIe siècle, vraisemblablement après le siège de Corbie de 1636. Classée monument historique en 1895, l'église a fait l'objet de campagnes de restauration à la fin du XIXe siècle sous la direction d'Édouard Danjoy, puis de nouvelles réparations après les dommages causés par des bombardements en 1918 et de travaux de consolidation dans les années 1920. Le tympan a fait l'objet de restaurations en 1965 et 1981, un auvent de protection a été posé en 1993 et d'importants travaux de couverture, charpente, maçonnerie, verrières et éclairage ont été menés en 2021; la restauration complète des sculptures du tympan est prévue lors d'une seconde phase en 2025. En 1856 les frères Duthoit participèrent à une restauration dont le rôle exact reste incertain. Le nouveau mobilier liturgique, réalisé par Vincent Bergogne sur des dessins de François-Xavier Legenne, a été consacré le 18 décembre 2022.
Construite en pierre, la façade à images de la Neuville est un bel exemple de gothique flamboyant ; l'édifice suit un plan basilical sans transept, avec une nef de trois travées, un bas-côté nord et un chœur terminé par une abside à trois pans. Élevée en craie, vraisemblablement extraite des carrières de Vaux-sur-Somme sur assises de grès, la façade ouest présente un portail double en anse de panier à quatre voussures, un trumeau à niche vide et plusieurs niches latérales aujourd'hui dépourvues de statues; la voussure supérieure conserve des ceps de vigne finement sculptés et le larmier porte un bandeau sculpté de style Renaissance figurant une scène de chasse avec un cerf et des chiens encadrés de putti. Le pignon est orné de crochets sculptés représentant des animaux fantastiques.
Le tympan, sculpté dans la pierre de Vaux-sur-Somme et daté entre 1515 et 1528, est l'élément le plus remarquable de la façade; il représente l'entrée du Christ à Jérusalem le jour des Rameaux et a été restauré au XIXe siècle par les frères Duthoit. La scène montre au premier plan le Christ sur un âne, suivi des apôtres, accueilli devant une porte fortifiée où un personnage étend un tissu sous les pas de l'âne et d'autres lancent des gerbes de feuilles depuis la porte; en arrière-plan apparaissent des fortifications, des personnages perchés dans les arbres et un moulin. Protégées par un auvent, ces sculptures souffrent néanmoins de l'érosion.
À l'extrémité sud de la façade se trouve une niche contenant un Ecce homo sculpté, et au bas du contrefort sud du clocher une statue de saint Pierre; toutes deux sont fortement usées par l'érosion. La tour-clocher, massif quadrangulaire adossé au flanc nord de la façade, est flanquée de contreforts et d'une tourelle d'escalier menant à la cloche; sa toiture combine une base quadrangulaire, une partie pyramidale et une flèche en bois couverte d'ardoise surmontée d'une croix et d'un coq, et une inscription sur la façade nord rappelle le 6 octobre 1861.
L'intérieur se caractérise par la simplicité de son architecture et de son décor, avec une voûte et une tribune en bois. Le mur sud de la nef comporte deux portes et quatre baies vitrées tandis que le mur nord du bas-côté ouvre par quatre fenêtres rectangulaires; les voûtes en bois, refaites au XIXe siècle, laissent apparaître des blochets sculptés. Le chœur, plus étroit et moins élevé que la nef, est éclairé par deux fenêtres en tiers-point au sud et par trois baies dans l'abside, lesquelles sont garnies de vitraux; deux statues, saint Éloi et saint Nicolas, encadrent la baie centrale.
Les fonts baptismaux, au revers de la façade, sont en pierre noire des ateliers de Tournai et datent de la première moitié du XIIe siècle; classés monument historique en 1895, ils présentent une cuve soutenue par un pédoncule central cantonné de quatre colonnettes, des sculptures en méplat représentant des dragons enlacés, des lions buvant dans une coupe, des colombes et des oiseaux fantastiques, et conservent un vase cylindrique en plomb avec son couvercle. Sous des arcatures trilobées, un bas-relief de la fin du XIVe siècle représentant la Nativité montre Marie allongée, l'Enfant, Joseph et les animaux de l'étable; cette œuvre est classée monument historique au titre d'objet depuis 1907.
L'église abrite par ailleurs plusieurs statues et éléments de mobilier protégés au titre d'objets : un Christ en croix provenant d'une ancienne poutre de gloire du début du XVIe siècle, une statue de saint Milfort en bois blanchi et doré accompagnée de deux statuettes, des statues de saint Nicolas et de saint Éloi, une Vierge à l'Enfant et une sainte Catherine d'Alexandrie datées des XIXe siècles, ainsi qu'une chaire du XVIIe siècle sculptée d'un panneau représentant l'Assomption, un maître-autel peint et doré avec tabernacle à ailes daté de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, des stalles et des bancs du XIXe siècle.
