Origine et histoire de la Porte Sainte-Croix
La porte Sainte‑Croix marque l'entrée de Châlons du côté de Vitry‑le‑François. La porte médiévale se composait de deux tours formant réduit, incluses dans une enceinte bastionnée arrondie et proéminente. La plus ancienne mention d'une porte Sainte‑Croix remonte à 1254 ; elle faisait partie de l'enceinte médiévale qui défendit la ville pendant la Guerre de Cent Ans et se trouvait légèrement au nord de l'emplacement actuel. Son nom provient vraisemblablement d'une chapelle voisine, aujourd'hui détruite. Au XVIe siècle une partie des fortifications fut modernisée et, entre 1536 et 1544, une nouvelle porte fut établie à l'emplacement actuel, agrandissant l'enceinte. Renforcée en 1609, elle dominait un bastion bordé d'un fossé, et un pont‑levis reliait son étroite entrée à la route de Vitry‑le‑François ; cette porte est représentée dans plusieurs vues anciennes et a fait l'objet d'une reconstitution par Barbat. Au XVIIIe siècle les fortifications ayant perdu leur fonction militaire, leur démolition fut engagée : un arrêt du Conseil d'État du 30 août 1766 ordonna la démolition et la décision fut reprise en 1769, les travaux de démolition commençant le 10 avril de cette année. L'intendant Gaspard‑Louis Rouillé d'Orfeuil fit dresser des plans pour une nouvelle porte ; les sources attribuent ces plans tantôt à l'ingénieur Bochet de Colluel, tantôt à l'architecte Nicolas Durand, la réalisation ayant été confiée à l'entrepreneur Prévot. La première pierre de la nouvelle porte fut posée le 4 août 1769, le gros œuvre achevé le 20 février 1770 et les vantaux posés à cette date. Conçue sous la forme d'un arc de triomphe, la porte fut réalisée en 1770 et consacrée lors du passage de la Dauphine Marie‑Antoinette, qui entra à Châlons par ce monument le 11 mai 1770 après qu'en avril l'intendant eut demandé qu'elle soit dédiée à la Dauphine sous le nom de Porte Dauphine. Les sculptures furent confiées à Antoine Lépine ; sur la façade sud, côté route de Strasbourg, il a sculpté deux trophées, et on lui attribue également les lions de l'hôtel de ville. Sur la façade nord, deux bas‑reliefs esquissés représentaient Mars et Minerve tenant les portraits du Dauphin et de la Dauphine ; ces œuvres devaient être achevées par Jean‑Baptiste Pigalle, mais elles semblent ne pas avoir été réalisées ou n'auraient été que des décors temporaires. Le projet prévoyait aussi la construction de deux pavillons accolés de part et d'autre de la porte pour la levée de l'octroi, qui n'ont jamais été construits. La porte porte le nom de Sainte‑Croix en raison de la proximité de la chapelle éponyme. Elle a été classée au titre des monuments historiques en 1941. Ses dimensions sont les suivantes : largeur 19,50 m, hauteur 17,25 m, hauteur de l'arcade 11,25 m et largeur de l'arcade 4,90 m. Le monument est documenté par divers plans et vues anciennes et apparaît également sur des photographies contemporaines montrant des détails sculptés et des mises en couleurs occasionnelles.