Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Cornemps
L'église Notre‑Dame de Cornemps, située à Petit‑Palais‑et‑Cornemps en Gironde, se trouve sur la route départementale D121 vers Puynormand, à environ deux kilomètres de Petit‑Palais. L'édifice est en grande partie en ruines ; le chevet est polygonal et projette un angle vers l'est, et la corniche présente des orifices entre les corbeaux. L'ancienne église, construite aux XIe et XIIe siècles, mesurait 35 mètres de longueur et comprenait une nef longue et étroite de trois travées, un faux transept et une abside. Sa taille suggère la proximité d'une population importante et la probabilité d'un couvent notable. Au XVIe siècle, Cornemps abritait une abbaye de pères bénédictins qui fut détruite pendant les guerres de Religion, mais ses origines restent inconnues. L'église actuelle est beaucoup plus petite que la construction initiale, à la suite de destructions massives et de reconstructions partielles. L'abside, une partie du mur latéral nord et la façade ouest sont d'origine ; le mur sud a disparu. Le mur nord de la nef, seul pan subsistant, est en maçonnerie assez grossière avec, par endroits, des pierres disposées en arêtes de poisson ; il a été renforcé intérieurement par un placage de trois arcs longitudinaux en plein cintre dont l'extrados atteignait environ sept mètres au‑dessus de l'ancien sol. Une voûte n'aurait pas pu être équilibrée à cette hauteur, et la nef était vraisemblablement couverte par un lambris. L'ordonnance de la façade occidentale est inattendue : la porte en plein cintre subsiste au milieu des ruines, ses voussures s'appuyant sur des colonnes cylindriques aux chapiteaux ornés de festons. Cette porte, inscrite dans un avant‑corps, est surmontée d'une corniche horizontale à damier qui sert de base à un pignon percé d'une ouverture en forme de croix. Deux arcs élancés encadrent l'entrée et portent, à leur sommet, deux modillons sculptés, et au revers du pignon s'ouvre une grande niche sur la nef, peut‑être une tribune. La partie orientale, la moins endommagée, a été séparée de la zone en ruine par un mur de blocage ; l'angle sud‑ouest de l'avant‑chœur ou faux transept a été rebâti. L'abside se termine à l'est par un contrefort percé d'une fenêtre ; elle est demi‑circulaire à l'intérieur et demi‑octogonale à l'extérieur. Sa voûte en cul‑de‑four repose sur une corniche, au‑dessus de laquelle court une arcature de sept arcs en plein cintre retombant sur des colonnes à demi‑dégagées, aux chapiteaux historiés. Cette portion de l'église a été rendue au culte. À l'extérieur de l'abside, entre les modillons sculptés de gueules d'animaux et de têtes humaines qui supportent la corniche, des trous ronds ont été percés, analogues à ceux du clocher de l'église Saint‑Georges de Montagne et de la corniche de Saint‑Front de Périgueux. L'église Notre‑Dame de Cornemps est citée dans la liste des paroisses du diocèse de 1398. Pendant les guerres de Religion, après la bataille de Coutras en 1587, l'abbaye des bénédictins fut assiégée par le vicomte de Turenne et l'église partiellement détruite. Un acte d'archives indique qu'en 1622 la nef était « rompue et découverte » et que l'église ne célébrait plus le culte. Le procès‑verbal de visite de 1687 note que le chœur est voûté tandis que la nef n'est ni voûtée, ni lambrissée, ni carrelée. Par la suite, le faux transept, dont trois piles subsistaient, fut fermé pour le raccorder au chevet à peu près intact, permettant la reprise du culte tandis que le reste de l'édifice demeurait en ruines. L'église semble avoir été totalement désertée à la suite de la Révolution française. Elle a subi plusieurs remaniements aux XIXe et XXe siècles : dès 1844, après la restauration de la façade, l'architecte Paul Coureau établit un devis pour ériger une voûte en croisée d'ogives sous la charpente, construite au cours du XIXe siècle. Au XXe siècle, l'architecte Rapine a restauré le portail et le clocher, puis mené une série de travaux sur l'édifice. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 21 novembre 1925.
